On peut rester chez soi et réussir. C’est le message de Seydi Gassama. Se prononçant hier sur la recrudescence de l’émigration clandestine, le défenseur des droits de l’Homme a affirmé qu’il «n’existe nulle part d’Eldorado». L’essentiel est de croire en soi. Ce qui l’a amené à dire qu’on peut réussir sa vie chez soi.

Beaucoup de jeunes pensent que l’Eldorado se trouve en Europe. Tel n’est pas le point de vue du secrétaire exécutif de la section sénégalaise d’Amnesty international. Selon Seydi Gas­sama qui se prononçait hier, en marge du colloque international sur les impacts du Covid-19 sur les droits humains et la démocratie en Afrique de l’Ouest, sur la mort des migrants clandestins dont la pirogue a pris feu à Mbour, «l’Eldorado n’existe nulle part dans ce monde». Et pour ramener à la raison ces jeunes qui entreprennent ces voyages risqués au prix de leur vie, le défenseur des droits de l’Homme pense qu’il est possible de réussir ici. «On peut le créer chez nous», dit-il.
A son avis, si ces jeunes empruntent des pirogues pour se lancer à l’aventure, ce n’est pas forcément à cause d’un manque d’emploi. «La solution n’est pas question de l’emploi, même si elle est centrale, parce que nous avons vu des migrants et des jeunes qui avaient une bonne situation, laisser leur poste au Sénégal pour prendre la pirogue», soutient-il en rappelant qu’Amnesty a travaillé sur cette question en 2015 à Kédougou, Ziguinchor et Mbour, qui étaient les principaux points de départ.
Pour résoudre cette question, le secrétaire exécutif de la section sénégalaise d’Amnesty international trouve que les Domaines agricoles communautaires (Dac) ne sont pas non plus la réponse adéquate aux problèmes de l’émigration clandestine, car tous les jeunes ne sont pas des agriculteurs. Il y en a certains qui ont des compétences dans d’autres domaines. Ce qui l’amène à dire que l’Etat doit faire en sorte que dans tous les secteurs les jeunes soient formés afin qu’ils puissent exercer un métier.
Et pour ce faire, le défenseur des droits de l’Homme estime qu’il faut passer par la sensibilisation parce que dans beaucoup de villages du Boundou et certaines localités du pays, il n’y a que les migrants qui construisent de belles maisons. C’est à cause de ce mirage qu’il est difficile de dire aux jeunes de rester dans le pays même s’ils ont un salaire de fonctionnaire. Pour résoudre cette problématique qui est en train de décimer aujourd’hui la jeunesse, Seydi Gassama suggère d’engager une réflexion qui permettrait de connaître les raisons véritables qui motivent les jeunes à vouloir coûte que coûte partir, même au prix de leur vie, en vue de trouver une solution face à cette recrudescence de l’émigration clandestine dans le pays, surtout en cette période de pandémie du coronavirus.
A l’en croire, il y a même des enseignants qui ont abandonné leur salaire pour prendre les pirogues. Selon lui, c’est un appel d’air qui continue à attirer les jeunes Sénégalais et Africains vers l’Europe, en pensant que l’Etat a failli à sa politique de jeunesse