L’amicale des cadres de la Sonatel, l’amicale des chauffeurs de la Sonatel, l’amicale des femmes de la Sonatel, le Syndicat national des travailleurs de la Sonatel (Syts) et le Syndicat national des travailleurs des postes et des télécommunications (Sntpt) se sont tous insurgés contre cette «injustice galopante» venant de l’Artp qui leur inflige une pénalité de 17 milliards, soit 3% de son chiffre d’affaires, pour défaut de qualité de services, ce qui est, selon eux, dénué de tout fondement objectif. Ils se sont tous rassemblés hier dans leurs locaux, vêtus des t-shirts rouge, noir et blanc sur lesquels on peut lire «Non à l’amende, non à l’injustice». Des slogans transformés en cris de colère. «Trop c’est trop», «Nio bagn, nio lank dou fi am», ont scandé les travailleurs de la société nationale de télécoms, qui ont par la suite fait une simulation de marche vers la direction de l’Artp en paralysant, pendant une dizaine de minutes, la Vdn. Ces mouvements syndicaux, qui ont marqué leur indignation par rapport à cette sanction, ont exprimé également leur désapprobation totale du non-respect par le régulateur du nouveau mode de calcul, et ont rejeté les résultats du rapport provisoire de l’Artp. Par ailleurs, ils ont rappelé que la Sonatel est soucieuse de la satisfaction continue de ses clients et de toutes ses parties prenantes mais aussi du respect de ses engagements réglementaires afin de renforcer la qualité de ses réseaux.
D’après eux, à chaque fois que les élections approchent, l’Artp revient à la charge par une décision de sanctionner la Sonatel qui, selon eux, est «un bien commun», «un patrimoine national» qui fait la fierté de toute les parties prenantes. Ils dénoncent ce qu’ils appellent «scandale du siècle» de la part du Directeur général de l’Artp qu’ils qualifient de «dictateur», de «mégalomane», un «Dg faux». Selon Samba Mintou Sèye, le president de l’Amicale des cadres de la Sonatel (Acs), le Dg de l’Artp ne cherche qu’à mettre à genoux la Sonatel qui est un bien commun et ternir son image de marque. «On acceptera jamais qu’une personne puisse nous mettre à terre et mettre à terre le bien commun des Sénégalais pour des raisons non justifiées», fustige le president de l’Acson. Il indique que l’Acson ne saurait s’accommoder de cette décision «injuste» et attend un débat transparent et technique sur le rapport afin de démontrer ses contradictions. «Nous invitons l’Artp à une meilleure collaboration afin de bâtir un environnement numérique compétitif aux bénéfices du client, de l’Etat, de chaque partie prenante et des acteurs du secteur», a-t-il souligné. Ne s’arrêtant pas là, le président de l’Acson de s’interroger : «Qui fait mieux que la Sonatel dans ce pays ?» D’après lui, «certaines personnes aujourd’hui essayent de nous mettre en mal avec la population. Si nous regardons la part des volumes, notre part de marché, malgré qu’il y ait encore beaucoup d’efforts à faire, nous constatons que les Sénégalais sont avec nous et ils resteront avec nous. C’est sûr et clair».

«C’est une décision irrationnelle, basée sur de fausses mesures»
Leurs emplois menacés, les travailleurs de la Sonatel se dressent. «Je ne comprends pas le mutisme de l’Artp. Cette sanction ponctuelle est un signal dangereux envoyé aux investisseurs parce que la Sonatel est une société cotée en bourse et la bourse est un marché», a expliqué Achirou Ndiaye, le représentant du personnel au Conseil d’administration. «Nous ne sommes pas prêts à nous laisser faire. Cette décision est basée sur de fausses mesures, sur des règles qui n’en sont pas. On ne peut pas parler de couverture de territoire à la place de couverture de population. C’est une décision irrationnelle d’un point de vue technique mais qui aussi économiquement a plus d’impacts négatifs pour les agrégats économiques de ce pays», note M. Ndiaye, le Pca de la Sonatel, qui a pointé du doigt l’Etat. «C’est un Etat économiquement irresponsable. Parce que on a l’habitude de séparer l’Artp de l’Etat mais pour moi, l’Artp c’est l’Etat. Et ce sont des gens qui pensent que la Sonatel est une machine à milliards», dit-il. Pour finir, il a invité l’Etat à plus de responsabilité, à plus de sens de la mesure mais aussi à repenser la philosophie des sanctions.
Par Ousmane SOW – Stagiaire