Le président de la section cheminot de la Fédération internationale du transport (Itf), David Gobé, a visité ce mercredi les ateliers de la société Dakar-Bamako ferroviaire (Dbf). Une visite au cours de laquelle il a dénoncé la politique ferroviaire des Etats maliens et sénégalais et propose l’écart métrique comme seule alternative pour relancer les activités de la société ferroviaire à l’arrêt depuis 13 mois.
Le porte-voix des cheminots du monde David Gobé a dénoncé à Thiès la mauvaise politique ferroviaire des Etats maliens et sénégalais. Le président section rail de la Fédération internationale du transport (Itf), à la tête d’une délégation, rendait visite ce mercredi ses homologues syndicalistes dans les locaux de la société Dakar-Bamako ferroviaire (Dbf), après un séjour au Mali, afin de s’enquérir de la crise qui secoue la ligne ferroviaire reliant les deux pays, et se solidariser de leur combat pour la survie de leur outil de travail. «J’ai pu constater lors de mes séjours en terre malienne et sénégalaise le dégât du libéralisme ferroviaire poussé à son paroxysme, c’est-à-dire à l’anéantissement total de la ligne du chemin de fer», dit-il. Une ligne qui, selon le syndicaliste, est «vitale pour l’économie des deux pays». Mieux, poursuit-il, «elle est un patrimoine et elle est à la fois symbole d’un passé colonial, mais aussi de votre indépendance à travers la grève des cheminots de 46». David Gobé : «Cette ligne doit rouvrir entièrement et rapidement parce que c’est un apport social et économique et nous pensons qu’elle apportera la paix au Mali.» A ce titre, le président de la Confédération générale des travailleurs de France soutient que «la meilleure expertise est celle des cheminots. J’ai rencontré beaucoup de cheminots cette semaine. J’ai beaucoup discuté avec eux, sur les médias sociaux, dans le monde entier et j’ai pris mes renseignements. Et la solution est dans la réhabilitation de cette ligne avec l’écart métrique. C’est la solution la plus rapide et la moins coûteuse. Il faut que le Mali et le Sénégal retrouvent une voie déserte portuaire sur Dakar. Et il faut que les gens qui vivent de cette ligne, partout, retrouvent leur travail». Il s’offusque : «J’ai vu des déserts complets, des gens qui ont arrêté de travailler parce que le train ne passe plus. Des artisans, des cultivateurs qui ne vivaient que par le train et des gens délaissés parce qu’ils n’avaient que le train pour rallier la capitale.» David Gobé partage son accablant constat : «C’est intolérable et inacceptable. Des cheminots sont morts. Des femmes n’ont pas pu aller à terme de leur grossesse. Des enfants sont déscolarisés parce que leur famille n’a plus de salaire, c’est malheureux. Je suis en tout cas de tout cœur avec les cheminots. Le chemin de fer appartient à la Nation. Et c’est aux deux Nations de retrouver ce train.» A la question de savoir ce qu’il pense du Train express régional (Ter), inauguré en janvier dernier, il répond : «S’il y a des investissements à faire sur une ligne à écart standard, il ne faut pas tomber dans les fantasmes ni dans certaines folies. Installée une ligne ferroviaire à gabarit standard ça demande des années d’études, un temps de financement, de construction et d’exploitation.» Il signale en outre qu’«il y aura une ferme volonté de l’Etat si le Peuple a la ferme volonté de retrouver sa ligne. Et moi j’ai le sentiment que les Maliens et les Sénégalais ont envie de retrouver cette ligne».
Ainsi, le patron de l’Itf invite «la population et les syndicats à s’unir et à créer des associations pour défendre cette ligne qui est notre patrimoine, mais qui est aussi indispensable à votre économie et à votre culture sociale. Parce que je pense que le chemin de fer apporte aussi la paix. Et si les territoires maliens étaient desservis entièrement par le chemin de fer, on n’en serait peut-être pas là». Il conseille aux autorités d’arrêter d’être «influencées par certains lobbys et certaines idéologies. On ne va pas se voiler la face, c’est l’idéologie libérale. A l’Itf, nous croyons au service public ferroviaire et à la coopération. Et je pense que ce n’est pas ici qu’on va me dire le contraire parce qu’on a donné une gestion d’une entreprise aux privés en terre malienne et sénégalaise».
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