Le Programme national de promotion de la santé oculaire va célébrer la Journée mondiale de la vue jeudi prochain. En prélude à celle-ci, le coordonnateur du programme national, Dr Mouctar Dieng Badiane, a fait le bilan des soins oculaires au Sénégal. Entre faiblesse des ressources humaines, déficit de centres spécialisés, plateaux médicaux vétustes, sous équipés et manque d’ophtalmologues dans la plupart des régions, les soins oculaires restent le parent pauvre du système de santé.

Les soins oculaires souffrent d’un faible engagement des politiques dans notre pays. Le Programme national de promotion de la santé oculaire qui se bat pour leur renforcement est encore très loin des autres programmes qui luttent contre le paludisme ou la tuberculose, fortement soutenus par des bailleurs et l’Etat. «La plupart des ressources mobilisées sont concentrées sur les maladies à forte mortalité, laissant du coup certaines maladies dont l’impact socioéconomique est pourtant aussi dramatique que celui des autres», souligne Dr Badiane. Résultat des courses, l’offre de soins oculaires est très faible. En témoignent ces chiffres révélés par Dr Badiane. «Chaque année, 13 à 14 mille interventions chirurgicales sont faites pour traiter la cataracte alors qu’on enregistre 24 mille nouveaux cas par an. Un gap de 10 à 11 mille cas qui, souvent, tombent dans la cécité chaque année. D’ailleurs, précise Dr Badiane, la cataracte est la première cause de cécité au Sénégal avec 35 à 50 mille cas». A côté de la cataracte, il y a le trachome qui est une banale conjonctivite. Mais le défi avec cette maladie, c’est que les complications ultimes peuvent conduire à un trichiasis. «La méconnaissance du trachome et le faible dépistage font que les patients perdent la vue», soutient Dr Badiane.
A tous ces problèmes, il faut ajouter un plateau technique très «faible», «sous équipés» et très «vétuste». Il n’existe que 69 centres spécialisés dont 5 centres d’excellence à Dakar, renseigne Dr Badiane. Une insuffisance de spécialistes également est notée avec seulement 67 ophtalmologues dont 29 dans le privé et 52 dans le public, concentrés à Dakar. «Seules trois régions ont un ophtalmologue». Il s’agit, selon le coordonnateur du Programme national de promotion de la santé oculaire, de Thiès, Matam et Ziguinchor.
Le Programme national compte pourtant apporter des solutions et relever les défis. Il envisage d’élaborer un plan stratégique national 2019-2021. Son objectif est de renforcer les soins oculaires dans le système de santé par le renforcement des ressources humaines, la construction de centres spécialisés et l’acquisition d’équipements modernes. Un ambitieux programme dont le financement va encore poser problème à l’image des deux précédents plans stratégiques.
Sightsavers appuie le ministère de la Santé depuis des années dans les soins oculaires et travaille dans ce domaine. L’Ong œuvre pour une disponibilité des consommables. Elle négocie avec la Pharmacie nationale d’approvisionnement (Pna) pour rendre accessibles les kits de cataracte. En outre, Sightsavers mène des actions sur le terrain. Elle appuie la tutelle dans la sensibilisation et la communication pour amener les populations à se faire dépister, en renforçant la capacité des Bajenu gox.
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