Face aux interrogations que suscite l’évasion du détenu Pape Mamadou Seck du Pavillon spécial de l’hôpital Le Dantec, l’administration pénitentiaire a senti l’obligation de donner sa version des faits. Lors d’une conférence de presse hier, le directeur de l’Administration pénitentiaire a confirmé l’évasion tout en précisant qu’une enquête a été ouverte pour en élucider les circonstances.Par Dieynaba KANE – 

L’administration pénitentiaire a fait hier face à la presse pour apporter sa version des faits concernant l’évasion de Pape Mamadou Seck. Ce dernier, incarcéré à la Maison d’arrêt de Rebeuss dans le cadre de l’affaire dite de la «Force spéciale», a été transféré au Pavillon spécial de l’hôpital Le Dantec sur avis médical. Les gens qui s’interrogent sur comment un détenu malade peut s’évader vont rester sur leur faim, car le directeur de l’Administration pénitentiaire n’a pas donné de détails sur les circonstances de cette évasion. Il a juste fait savoir qu’une enquête a été ouverte. «La première chose qu’on a faite c’est d’informer la hiérarchie. Nous avons fait la constatation pour élucider les circonstances de son évasion et une enquête administrative a été ouverte. Nous avons également pris des mesures conservatoires», a souligné le Colonel Jean-Bertrand Bocandé. Et d’ajouter : «L’enquête est en cours. Nous avons pu recenser des éléments mais ils sont pour le moment insuffisants. La police et la gendarmerie ont été informées de l’évasion de Pape Mamadou Seck et les recherches se poursuivent.» Face à la presse, M. Bocandé a assuré que le travail est en train d’être fait pour trouver des explications. «Il s’est évadé oui. Comment cela a pu avoir lieu, nous sommes en train de chercher des explications. Et nous détenons des éléments et le moment indiqué, nous les communiquerons», a-t-il promis.
Revenant sur les faits, le directeur de l’Administration pénitentiaire explique : «Il faisait partie d’un lot de 50 détenus. Il a été examiné conformément à la réglementation de l’administration pénitentiaire et on a remarqué qu’il était malade. On lui a trouvé un rendez-vous le lendemain, le 1er juillet, et il a été orienté vers un spécialiste qui lui a délivré un billet d’hospitalisation et con­clu que le prévenu reste au Pavillon spécial avec l’accord du médecin chef de l’administration pénitentiaire.» Pour­suivant ses propos, Colonel Jean-Bertrand Bocandé précise : «C’est entre le 9 et le 10 juillet que j’ai été informé de son évasion et c’est la triste réalité.»

«C’est une faute qui nous incombe»
Le directeur de l’Admi­nistration pénitentiaire a toutefois reconnu la responsabilité de son service dans cette affaire. «Une personne en détention est sous la responsabilité de l’administration pénitentiaire. Donc si elle s’échappe, c’est une faute qui nous incombe. Je l’avoue. Et nous ferons tout pour situer les responsabilités», a-t-il déclaré. Par ailleurs, Colonel Bocandé a fait savoir «qu’il (Pape Mamadou Seck) a utilisé des subterfuges pour s’échapper, tromper la vigilance de ceux qui le surveillaient».
Lors de cette rencontre avec la presse, le directeur de l’Administration pénitentiaire s’est adressé à Pape Mamadou Seck en l’invitant «à reconsidérer sa position pour revenir se soigner». Et M. Bocandé d’ajouter : «Qu’il vienne se décharger de ses accusations s’il croit qu’il n’a pas commis de faute.» Le Colonel a également par la même occasion, demandé aux populations de coopérer «pour retrouver Pape Mamadou Seck». «Un évadé est un danger pour les populations. Tous ceux qui ont des informations sur lui doivent nous saisir et encore une fois, j’invite Pape Mamadou Seck à revenir à de meilleurs sentiments», a-t-il lancé.
Pape Mamadou Seck avait été écroué par le Juge d’instruction du deuxième cabinet, en même temps que 9 autres présumés complices, pour les délits de complot contre l’autorité de l’Etat, actes de nature à occasionner des troubles politiques graves, association de malfaiteurs en vue d’organiser des bandes en leur fournissant des armes, munitions, dans le but de s’attaquer à la force pu­blique, détention et trans­port de produits et substances incendiaires en vue de compromettre la sécurité publique et détention illégale d’arme à feu. D’après les éléments de l’enquête de la Sûreté urbaine, le 17 juin dernier, lors de la manifestation interdite de Yewwi askan wi contre l’invalidation de la liste nationale titulaire aux Législatives de cette coalition, ils voulaient en profiter pour mener des actions contre l’Etat. L’objectif était de saboter des centrales électriques, le Train express régional (Ter), d’assassiner des personnalités politiques, de la Société civile, de s’en prendre aux intérêts français, selon toujours les investigations de la police. Et le poste électrique de la Société nationale d’électricité, situé à la sortie 10 de l’Autoroute à péage, a été visé par le commando de la «Force spéciale» dont plusieurs éléments ont été interpellés en prélude à la manifestation interdite de Yaw en mi-juin. L’objectif était de «créer une panne électrique dans le secteur», après avoir jeté un cocktail molotov à l’intérieur du poste. Mais, l’explosion n’a pas eu l’effet escompté du fait d’une faible détonation.
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