Après la grève des 23 et 24 septembre derniers, qui ont paralysé plusieurs aéroports de l’espace Asecna, l’Union des syndicats des contrôleurs aériens (Usycaa) alerte les ministres en charge de l’Aviation civile, en conclave ce lundi à Dakar, que les menaces ne sont pas levéesPar Amadou MBODJI
– On n’est pas encore sortis des turbulences… Le Syndicat des contrôleurs aériens de l’Asecna (Usycaa) fonde un espoir sur la rencontre regroupant les ministres en charge de l’Aviation civile dans l’espace Asecna, qui se tient ce lundi à Dakar. «Pour voir le bout du tunnel», espère le syndicat. «Ce sont eux seulement qui peuvent désamorcer cette bombe-là. Cette crise sociale, qui est sans précédent à l’Asecna, ne devait pas avoir lieu si on avait un bon management», déclare François Gomis, Secrétaire général du Syndicat des contrôleurs aériens du Sénégal, qui est aussi membre de l’Usycaa. Il animait hier une conférence de presse à la Maison de la presse, en prélude à ce rendez-vous qui a été calé après la grève des aiguilleurs du Sénégal, les 23 et 24 septembre derniers. Ils avaient suspendu le mouvement après l’intervention des autorités de l’aviation civile.
Mais, il y a toujours des nuages dans les relations entre l’Usycaa et la Direction générale de l’Asecna. «Des gens sont déjà à pied d’œuvre pour saboter cette réunion-là. Les gens se sont réunis à la Direction générale de l’Asecna et ils ont commencé à faire un certain travail, à faire ce qu’on appelle des résolutions pour pouvoir les présenter au Comité des ministres, pour leur dire que ce que les contrôleurs aériens demandent n’est pas possible, n’est pas supportable. Mais, nous disons aux ministres en charge de l’Aviation civile dans l’espace Asecna de ne pas écouter ces gens-là. De se fier au document qu’on leur a donné, puisque c’est un document qui est détaillé, avec des preuves à l’appui. S’ils veulent bien comprendre la situation, ils peuvent se fier à ce document-là», ajoute François Gomis.
Aujourd’hui, il réfute l’idée selon laquelle «la grève du 23 septembre dernier a été un échec». Pour lui, elle a été «une réussite totale». Comment ? «La veille de la grève, on avait tous reçu des réquisitions pour travailler. Mais les réquisitions, c’était juste pour assurer le service minimum. Le service minimum, c’est d’assurer la sécurité des vols des chefs d’Etat, militaires, ou qui effectuent des évacuations sanitaires, ce qu’on appelle communément vol ambulance. Des vols qui effectuent des opérations de recherche et de sauvetage, des vols humanitaires», dit François Gomis. Mais, cela ne s’est pas passé comme prévu… «Qu’est-ce qu’on a constaté ? Les autorités sont venues, nous ont demandé de quitter les tours et salles de contrôle», affirme le Secrétaire général du Syndicat des contrôleurs aériens du Sénégal. Il enchaîne : «Qu’est-ce qu’ils ont mis à la place ? Des militaires qui n’ont rien compris de l’espace aérien de l’Asecna, d’anciens contrôleurs qui sont à la retraite. Ce qui est une violation très grave de la réglementation de l’aviation civile.» A ses yeux, c’était le chaos. «Et le résultat, c’était quoi ? Il y a eu des incidents dans les espaces de l’Asecna. Si vous voulez bien comprendre, on a frôlé la catastrophe. Parce que les gens qui étaient dans les salles et tours de contrôle ne maîtrisaient pas ce qu’ils faisaient», explique François Gomis, qui ajoute : «N’est pas contrôleur aérien, qui veut.»
Il rappelle que leur métier exige un certain nombre de qualifications. «Ce n’est pas pour rien qu’on demande une revalorisation de la prime des heures de nuit. A l’Asecna, le salaire horaire de nuit est dérisoire. Quand on demande une revalorisation de cette prime-là, les gens disent que vous n’y avez pas droit. Il est révolu le temps où on nous demandait de travailler et de nous taire. On ne va plus se taire, parce que c’est la sécurité qui est en jeu», affirment-ils.
Aujourd’hui, les membres de l’Usycaa rappellent qu’ils «font toujours l’objet de menaces de licenciement depuis qu’ils ont mis leurs revendications sur la table». «Il y a des suspensions qui ne sont pas encore levées, les camarades ne sont pas sur les tableaux de service, ils ne travaillent pas et nous connaissons leurs intentions», précise François Gomis, qui fonde beaucoup d’espoir sur la réunion de ce lundi. Par contre, il a prévenu que si une solution n’est pas trouvée à l’issue de ce rendez-vous, les 730 contrôleurs réunis autour de l’Usycaa vont se concerter à nouveau pour voir quelle suite donner à leur préavis de grève.ambodji@lequotidien.sn