La fête de Tabaski au Fouta est une occasion de démonstration de générosité entre cousins. Une pratique très vieille où l’enfant de l’oncle maternel se montre généreux à l’égard de ses cousins. Des dons aux cousins (argent, vêtements) appelés «moundji» qui résistent encore malgré la modernité.

Par Demba NIANG – Au Fouta, à côté des regroupements de classe d’âge appelés féddé qui sont activés lors de la Tabaski, il y a le moundji qui est une autre forme de solidarité. Ici, ce sont les enfants de l’oncle maternel qui font des cadeaux à leurs cousins. Une pratique annuelle, mûrement préparée par les enfants de la tante, pour «perpétuer la tradition, raffermir les relations entre les cousins, tout en se faisant de l’argent». Le moment de l’immolation des béliers terminé, armés de bouteilles de parfum, les enfants de la tante (hommes, femmes ; jeunes comme âgés) se succèdent dans les maisons de leurs cousins (enfants de l’oncle maternel) pour verser du parfum à ces derniers en disant mougn. Une façon de demander à l’enfant de son oncle maternel «de s’acquitter de son devoir» car dans la tradition, l’enfant de l’oncle maternel doit à cette occasion, offrir à ses cousins, les enfants de la tante maternelle, de l’argent ou des vêtements. Après un tour dans les maisons de ses cousins, Hamath N., un habitué de cette tradition, affiche le sourire. «Ma mère a plusieurs frères et cela m’a permis d’avoir de nombreux cousins et cousines. Cette fête encore, ils ont rempli mes poches de beaucoup d’argent Cette tradition de demander le moundji est aussi une affaire de femmes et de jeunes filles. Kadia Dia, elle, fait son tour des maisons de cousins dans l’après-midi de la Tabaski. Comme Hamath, elle est très satisfaite des enfants de ses oncles qui ont donné des billets de banque. A Galoya, un groupe d’hommes d’un âge assez avancé passent chez leurs cousins et cousines, le lendemain de la Tabaski. A l’heure du partage, chacun des cinq hommes se retrouve avec 5000 francs. Amadou Mama explique qu’il fait cette tradition à chaque fête de Tabaski pour le symbolisme que le moundji représente, car pour le septuagénaire, «c’est une occasion de rendre visite aux cousins et cousines pour raviver la parenté. La demande du moundji est juste une coutume et non pour avoir de l’argent». Au Fouta, le cousinage est à côté du groupe d’âge, une pratique de sociabilité qui résiste encore. Dans ces pratiques sociales, le cousinage permet de se chahuter sans conséquence. Cousins et cousines peuvent ainsi se chambrer sans craintes de représailles.
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