Le président de la République a pardonné les citoyens qui l’ont insulté sur les réseaux sociaux. Macky Sall l’a fait savoir avant-hier, après la prière de la Tabaski à la Grande mosquée de Dakar

Macky Sall n’est pas rancunier. Le président de la République a eu un esprit de grandeur dans l’affaire des insultes dont il a fait l’objet sur les réseaux sociaux depuis un certain temps. «J’ai pardonné à tous ceux qui m’ont offensé, puisque le pardon fait aussi partie des valeurs et des qualités qu’un musulman doit cultiver», a exprimé Macky Sall samedi après la prière de la Tabaski à la Grande mosquée de Dakar. Dans la traditionnelle déclaration devant l’imam ratib Alioune Moussa Samb, le grand Serigne de Dakar Abdoulaye Makhtar Diop, le ministre de l’Intérieur Abdoulaye Daouda Diallo, Alioune Ndoye, maire de Dakar Plateau, le chef de l’Etat dira que «le pardon nécessite aussi du courage et de la générosité. C’est pourquoi je considère parfois que tant que c’est ma personne, je peux pardonner». Cependant, il prévient ses insulteurs ou toute autre personne qui tenterait de tenir des excès de langage contre l’institution qu’il représente : «Il ne faut pas qu’on confonde la personne du président de la République et l’Etat ou les lois, ce sont deux choses différentes. Il ne faut pas qu’on fasse la confusion là-dessus.»
Après avoir lancé un appel au dialogue à la classe politique, le président de la République a reconnu que les pourparlers ne sont pas que politiques. «Nous n’arrivons pas à célébrer en un seul jour la Tabaski, c’est un problème. Donc là aussi, il y a nécessité à dialoguer entre les différentes communautés et obédiences religieuses pour mettre ensemble toutes les connaissances, les pratiques et voir comment nous pouvons éviter que dans un même pays qu’il y ait deux Tabaski ou deux prières», propose-t-il. Et d’ajouter : «Parce que sinon il arrivera un moment où chacun fera ce que bon lui semble. Cela va être un peu comme l’inflation sur les listes. Ce n’est pas dans l’intérêt de l’islam, ni de notre société.» Pour trouver une solution à ce problème, il dit laisser le soin aux chefs religieux, aux imams et oulémas. Il a prôné un dialogue ouvert à toutes les personnes qui peuvent apporter une contribution comme les mouvements Jammatu ibado rahmane et Al fallah.
Pour la lutte contre le terrorisme dans le monde, en particulier au Sahel, Macky Sall estime qu’il «faut une action collective. Il faut des actions concertées». Pour ce faire, il a rappelé que l’accent doit être mis sur l’information, la sensibilisation, le renseignement qui «sont encore plus importants que les aspects combat contre le terrorisme, mais aussi tout ce qui doit être fait au plan de la théologie et de l’enseignement religieux pour éviter la radicalisation».
Dans son sermon, l’imam a appelé les fidèles à cultiver l’amour, le pardon, la solidarité entre eux. Quant à la classe politique, Alioune Moussa Samb l’a exhortée à discuter sur l’intérêt du pays. Dans le même sillage, il a demandé au gouvernement de rester à l’écoute des préoccupations des populations. Devant les hommes politiques, il soutient qu’il a remarqué que «les milliardaires commencent à devenir de plus en plus nombreux alors que le salaire ne donne pas des milliards». Sans doute un appel à la gestion rigoureuse des deniers publics.
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