A moins d’une semaine des élections de représentativité des centrales syndicales, prévues le 12 décembre, Cheikh Alassane Sène, Secrétaire général de la Fgts/A, espère déboulonner les institutions classiques et assurer une alternance générationnelle. Par Abdoulaye FALL –

«Ces élections syndicales de représentativité doivent être celles du changement.» C’est l’avis de Cheikh Alassane Sène, Secrétaire général de la Fgts/A, qui est en tournée à Tam­bacounda où il a rencontré les travailleurs. Pour lui, il faut se départir des centrales syndicales classiques. «Depuis plusieurs années maintenant, ce sont elles qui sont sur la scène, mais ne font absolument rien pour les travailleurs. Tous les acquis des travailleurs l’ont été grâce à leurs propres luttes», fulmine le candidat de la Fgts/A aux élections de représentativité syndicale prévues le 12 décembre. Selon M. Sène, «les candidats des centrales classiques comme l’Unsas, la Cnts, la Cnts-Fc, entre autres, savent qu’ils n’ont plus la confiance des travailleurs». «Pour preuve, ils n’osent pas descendre à la base pour briguer les suffrages des travailleurs. Aujourd’hui, aucun de ces candidats n’a daigné descendre rencontrer la base. C’est parce qu’ils y sont vomis. Et leur stratégie est de recourir aux secrétaires généraux des syndicats des enseignants pour rallier les suffrages des bouffeurs de craie», analyse M. Sène. Il ajoute «C’est inadmissible. Aujourd’hui, le constat fait est que ce sont les Sg des syndicats d’enseignants qui donnent des mots d’ordre de voter pour ces candidats. C’est vraiment désolant. Les candidats doivent descendre sur le terrain, rencontrer les travailleurs, leur présenter les bilans et programmes. Malheureusement, ils passent par des syndicats d’enseignants pour rallier des suffrages.» Évidemment, l’essentiel du corps électoral est constitué d’enseignants. «Sur l’ensemble des votants de la dernière élection, près des 3/4 étaient des enseignants. Malgré cela, il n’y a aucune candidature d’un enseignant. Ce qui veut dire que malgré leur nombre, ils ne sont que des faiseurs de rois», dit-il. C’est pour cette raison que M. Sène appelle ses collègues à soutenir sa candidature. «Pour, ne serait-ce, dit-il, mettre un terme à l’hégémonie des centrales classiques qui ne font rien pour les travailleurs.»

Un programme de logements sociaux pour rallier le vote des travailleurs
Pour rallier le vote des travailleurs à sa cause, Cheikh Alassane Sène a rappelé que ces élections doivent permettre de choisir librement les représentants des travailleurs dans les institutions sociales et étatiques. Et c’est pourquoi, elles revêtent une importance primordiale. D’où son appel lancé pour des choix justes et judicieux. «Les candidats doivent avoir des programmes qu’ils soumettent aux travailleurs. Personne parmi les autres candidats n’a osé faire le terrain pour parler de son programme. Au niveau de la Fgts/A, outre l’aspect prise en charge efficace et efficiente des préoccupations des travailleurs, nous avons un programme social pour toutes les catégories de travailleurs. Il s’agit d’un programme de 3000 logements dénommé Moct-Art. Qui permet à chaque travailleur, après avoir rempli les critères d’éligibilité, d’être propriétaire d’un toit. C’est un programme spécialement conçu pour les travailleurs de tous les corps de métiers», relève M. Sène.

Aujourd’hui, le syndicalisme ne doit plus se limiter à la revendication. «Et mieux, tous les acquis des travailleurs sont obtenus par les travailleurs eux-mêmes, à travers des luttes acharnées sans aucune implication des centrales classiques. Les enseignants ont réussi la revalorisation de leurs salaires par eux-mêmes, les travailleurs de la Justice et ceux de la santé sont tout le temps en grève. Et quelle est la centrale qui s’est impliquée dans la lutte ? Et c’est pourquoi, l’ère des centrales syndicales classiques doit être conjuguée au passé. Il est temps que les vieux barons laissent la place aux jeunes pour une alternance sur toute la ligne. Voilà pourquoi, rappelle-t-il, le taux de participation lors des dernières élections n’était que de 28%. Très en deçà de la légitimité. Voilà pourquoi je soutiens depuis toujours que les représentants sont certes légaux au vu des résultats sortis des urnes, toutefois, ils manquent de légitimité parce que très mal élus. L’heure est venue pour les travailleurs de prendre leur destin en main et se départir de ces gens depuis toujours aux commandes sans servir les travailleurs», ajoute M. Sène.
afall@lequotidien.sn