Avec des stratégies de prise en charge de proximité, le paludisme a connu une forte baisse au niveau du District de Maka Colibantang, situé dans la région de Tambacounda. Avec la fin du programme de l’Usaid, les responsables redoutent une recrudescence des cas si l’Etat ne trouve pas une alternative à la perte de ce financement.Par Justin GOMIS – 

Pour mieux lutter contre le paludisme, il faudra s’inspirer de la commune de Maka Colibantang. Le District sanitaire de cette localité s’est distingué par ses bonnes pratiques qui lui ont permis d’enregistrer de bons résultats, alors que la région de Tambacounda est dans la zone rouge. «C’est vrai qu’en 2018, nous étions à une incidence qui était un peu élevée, à 279 pour mille. En 2019, nous sommes arrivés à 184 pour mille, et pour 2021, 2022, 2023, 64 pour mille», informe Malamine Thiam, superviseur des Soins de santé primaires (Ssp), représentant le médecin-chef à l’occasion de l’immersion des journalistes en santé à Maka Colibantang pour vulgariser les bonnes pratiques dans la lutte contre le paludisme. D’après lui, ces résultats sont consécutifs aux belles initiatives prises dans ce sens. Il s’agit de la Prise en charge des cas à domicile (Pcadom), qui est gérée par des acteurs communautaires qui sont formés en ce sens et qui font la prise en charge à domicile dans le village où ils sont désignés. «Cette stratégie consistait tout simplement à faire en sorte que le relais se déplace chaque semaine dans chaque ménage pour dépister les enfants qui sont fébriles. Et une fois l’enfant dépisté, s’il a le paludisme, il est traité directement. Si le cas est négatif, il est référé directement au niveau du poste de santé pour une meilleure prise en charge», explique-t-il.

Selon toujours le superviseur des Soins de santé primaires, «il y a également ce qu’on appelle Pca daara et Pca école. C’est la même stratégie, mais dans ce contexte-là, le traitement se fait au niveau des daaras et des écoles. Mais il faut dire que dans chaque lieu, un acteur a été formé pour prendre en charge correctement les cas de paludisme simple. Mais s’il détecte un signe de gravité, le cas est référé directement à la structure rattachée». Il poursuit : «Il y a également ce qu’on appelle la Cps, la Chimio-prévention du paludisme saisonnier, que l’on fait chaque année pratiquement, qui cible les enfants âgés de 3 à 120 mois, donc 3 mois à 10 ans.» Avec ces stratégies, 90% des cas de palu ont été solutionnés.

Aujourd’hui, le palu reste sur une courbe baissière. Même si des décès liés à la maladie ont été enregistrés. «Pour les cas de neuro-paludisme, l’année dernière, on avait enregistré 4 décès. En 2023 également, il y avait 4 décès», informe Malamine Thiam.

Départ de l’Usaid
Malgré ces bons résultats, la fin du programme de l’Usaid qui était leur partenaire stratégique, risque de compliquer la lutte contre le paludisme. Face à cette situation, le superviseur des soins fait un plaidoyer à l’endroit du Programme national de lutte contre le paludisme (Pnlp) afin d’éviter une recrudescence des cas dans la commune. «Par rapport au financement, le premier ici, c’est le Pnlp, qui doit faire des efforts. Nous, nous ne pouvons faire que le plaidoyer, pour ne pas perdre les acquis. Et je sais qu’ils sont conscients de cela. Mais si l’Usaid se retire et qu’il n’y a pas d’alternative, je pense que tous les efforts consentis jusqu’ici seront vains. Tout cela va être, hélas, anéanti», prévient-il.

Il faut noter que la population totale du District de Maka Colibantang est de 106 mille 372. «Il polarise 13 postes de santé et un centre de santé. Et on a également 14 cases de santé dont 11 sont fonctionnelles. Nous avons 30 sites communautaires», ajoute-t-il.
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