A cause de l’état de ruine de la route Koussanar-Makacolibantan, les populations ont pris leur destin en main pour éviter d’être isolées : le rafistolage de certains pans de l’axe avec le soutien de l’homme politique Nfamara Touré. Par Abdoulaye FALL – 

Un acte citoyen cumulé à un acte de survie donne ça : A Makacolibantan, qui risque d’être coupé du reste du pays, on se mobilise pour éviter ou repousser cette perspective. Il n’y a presque plus de route, compliquant les déplacements des populations au niveau notamment de Makacoli­bantan via Koussanar. Or, il s’agit juste de 36 km qui séparent les deux communes, nécessitant banalement deux heures de route. Voire plus, selon le type de véhicule.
Avec l’hivernage, la situation se durcit avec d’énormes «flaques d’eau» le long du tracé. Les populations qui sont obligées de l’emprunter sont désappointées. «Aujourd’hui, évacuer un malade par la route est quasi mortel. Les femmes enceintes qui doivent être référées à Tamba hésitent par deux fois. Une situation qui désole tout le monde», regrettent les populations.
Pour prendre leur destin en main, elles décident de refaire la route avec les moyens du bord. En ce mercredi, elles étaient massées le long du tronçon, comblaient avec de gros cailloux les grands vides pour permettre aux véhicules de pouvoir passer. C’est un travail d’ingénieur, mais les habitants veulent éviter que leur localité soit isolée du reste du pays.
L’initiative est du guide religieux Ibrahima Niang. Il est basé à Colibantan où il tient un grand daara. Il a mobilisé tous ses talibés, même ceux âgés de moins de 15 ans. «J’ai vraiment pitié des populations», nous sert-il. La situation est devenue insupportable. Foulard sur la tête, il est au milieu de ses talibés et autres populations mobilisées pour la circonstance. «Je n’en peux plus de voir la route dans ce piteux état. Nous avons depuis tout le temps sollicité son bitumage. Sans succès. Tous les régimes qui sont passés n’ont rien pu faire, malgré des promesses mirobolantes», dit le guide.
Le responsable politique de Pastef de Tamba, Nfamara Touré, a mis la main à la poche pour appuyer l’initiative des populations des contrées nichées dans l’arrondissement de Makacolibantan. Elles veulent refaire leur route complètement détériorée. «L’état de l’axe Koussanar-Makacoli­bantan est des plus mauvais actuellement, s’est désolé Ibrahima Niang. C’est pourquoi je suis allé solliciter le responsable politique de Pastef Nfamara Touré pour nous aider. L’homme a été très sensible aux difficultés que traversent les populations. Il a considérablement soutenu l’initiative en mettant à notre disposition une forte somme d’argent et des engins lourds. Ce qui nous a permis de louer des camions pour transporter du sable latéritique et des pierres, en plus d’une pelleteuse», poursuit M. Niang. Il ajoute : «J’ai aussi sollicité toutes les bonnes volontés dans les différentes contrées de la commune pour pouvoir mobiliser les populations. Aujourd’hui, tout le monde est sorti pour réhabiliter la route. Nous avons appelé et attendu l’Etat, sans succès. Nous sommes fatigués et avons décidé, avec les moyens du bord, de réparer la route à notre manière.» «Les populations de ces contrées sont fatiguées. Et pourtant, nous avons beaucoup d’espoir sur le duo Diomaye-Sonko pour qui nous avons massivement voté. Nous interpellons le président de la République et le Premier ministre Ousmane Sonko de nous venir en aide. Sans quoi, Makacolibantan sera bientôt coupé du reste du pays. Trop c’est trop», tempête Ibrahima Niang, l’initiateur de la réhabilitation de la route.

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