L’électricité est au cœur des préoccupations des Sénégalaises et des Sénégalais, citadins comme ressortissants du monde rural. Sa dimension transformatrice en fait une exigence au nom de laquelle le gouvernement, avec le président de la République au premier rang, ne cesse de déployer des moyens énormes pour répondre à la forte demande de ce point de vue.
En ma qualité d’ancien directeur général de Senelec, juillet 2012 à juin 2015, je me sens naturellement interpellé par le débat subséquent à la récente hausse des prix de l’électricité qui, au demeurant, ne sera effective qu’à compter du 1er décembre 2019 pour les premiers impactés. Il faut donc avoir l’honnêteté de reconnaître qu’à ce jour, toutes les factures exhibées çà et là n’ont pas subi d’augmentation au titre du nouveau tarif, mais résultent plutôt du profil de consommation auquel elles sont attachées.
Il est vrai que personne, ni aucune autorité ne peut souhaiter dans l’absolu une augmentation des prix qui s’apparente à une baisse du pouvoir d’achat des populations ; Senelec, elle-même, n’a aucune liberté ou prérogative pour la détermination des tarifs qui sont rigoureusement encadrés. Le contrat de concession ainsi que le cahier de charges qui le lient à l’Etat constituent une garantie fiable de protection des droits des usagers comme des clients, sous le contrôle et l’arbitrage de la Commission de régulation du secteur de l’électricité (Crse).
C’est la raison pour laquelle j’invite les uns et les autres à apprécier la situation actuelle au regard des immenses moyens mis en œuvre par Monsieur le prédisent de la République qui, dès le lendemain de son accession à la Magistrature suprême, a pris les mesures hardies et courageuses que tout le monde connaît pour installer durablement la disponibilité de l’électricité dans le pays, outre une maîtrise bien pensée des coûts.
La production de l’électricité à partir du pétrole coûte cher aux consommateurs qui ne peuvent toujours pas le payer à son juste prix. Le gouvernement s’est vu obligé de mobiliser dans la période des centaines de milliards pour soutenir les consommateurs par le versement de ce qu’il est convenu d’appeler la compensation, difficilement supportable pour les finances publiques.
Il faut donc reconnaître et saluer la clairvoyance du gouvernement pour la politique du mix énergétique, comme réponse pertinente au lancinant problème de la double équation de la disponibilité et du coût de l’électricité.
C’est dans ces circonstances que le ministre de l’Energie d’alors, Aly Ngouille Ndiaye, avait osé promettre solennellement aux populations qu’en 2017, l’électricité ne serait plus un thème de campagne électorale. A partir de 2015, le train de l’histoire étant arrivé à l’heure, la question de l’électricité n’a même pas été évoquée durant les élections législatives, et a fortiori lors de l’élection présidentielle. On sait ce qui s’ensuivit : jamais Président n’a été aussi bien réélu !
Lors de l’inauguration de la centrale de Boutoute à Ziguinchor le 2 février 2015, sous la présidence effective du chef de l’Etat, je disais ceci dans mon discours :
«Faut-il le rappeler pour s’en convaincre Monsieur le président de la République, les énormes avancées qui sont faites dans le secteur de l’électricité.
Lorsque vous êtes arrivé au pouvoir en mars 2012, la situation du secteur de l’électricité n’était pas du tout des plus reluisantes, malgré les fortes sommes d’argent qui ont été englouties pour la relever. A titre d’exemple, je voudrai juste citer le rapport général public 2010 de la Cour des comptes à la page 206 qui dit ceci : ‘’En ce qui concerne les tarifs, ils ont, sur la période 2005-2008, été revus à la hausse à trois reprises : +15% en septembre 2006, +6,5% en novembre 2007 et +17% à partir du 1er août 2008, alors que de 1999 à 2000, le prix moyen de l’électricité n’avait augmenté que de 3,1% l’an’’, soit une augmentation totale des tarifs sur la période 1999-2008 de l’ordre de +48%.
Malgré ces hausses de tarifs, les résultats de la société étaient déficitaires sur toute la période avec une perte de 34 milliards 127 millions Cfa en 2006 et une perte record de 55 milliards 017 millions F Cfa en 2010.
La situation de l’électricité a été une préoccupation pour l’Etat et les bailleurs de fonds, car malgré la hausse des tarifs de 48%, la compensation versée par l’Etat continuait toujours d’augmenter pour atteindre 95 milliards 903 millions F Cfa en 2011 et 123 milliards F Cfa en 2012. Tout cet argent n’a pas permis de stabiliser la situation pour obtenir une qualité de service compatible avec les activités économique, sociale, sportive, religieuse et culturelle de nos concitoyens.
Entre 2008 et 2012, le temps équivalent de coupure par an était supérieur à la normale. Il était de 382h en 2008, 316h en 2009, 592h en 2010 avant d’atteindre le pic de 912h de coupure en 2011, ce qui avait conduit en fin de compte aux émeutes de l’électricité.
Senelec était confrontée à une offre insuffisante d’électricité.
Aujourd’hui, nous sommes en mesure de faire un état des lieux pour constater le chemin déjà parcouru, grâce à l’orientation stratégique qui a été apportée dans le secteur par le gouvernement.
La situation de l’exploitation est marquée, il faut le reconnaître, par une offre confortable de la production dont l’approvisionnement en combustible est sécurisé, et une meilleure qualité de service avec une moyenne de temps de coupure de 100h entre 2012 et 2014 ; cette année, nous avons pour ambition de réduire ce temps de coupure pour l’amener à 60h, ce qui classera le Sénégal parmi les pays avec la meilleure qualité de service en Afrique.»
D’ailleurs Jeune Afrique, dans son édition du 26 février 2015, classait le Sénégal parmi les pays avec la meilleure qualité de service électrique en Afrique.
Sur la période 2012-2020, les tarifs ont connu une baisse de 10% et une augmentation de 10%, donc les tarifs de 2020 seront identiques aux tarifs de 2012
Aujourd’hui, l’ambition c’est l’accès universel à l’électricité pour définitivement réduire la fracture insupportable qui existe encore entre les citadins et le monde rural.
Monsieur le président de la République a d’ores et déjà identifié et mobilisé les financements requis pour cette belle ambition.
Pour ma part, j’invite les usagers de l’électricité à faire preuve de solidarité avec ceux qui ne demandent qu’à être raccordés au réseau de distribution pour améliorer leur existence.
La disponibilité du pétrole et du gaz est une réalité objective qui doit nos incliner à l’optimisme pour un Sénégal émergent.
Dakar le 21 décembre 2019
Papa Allé DIENG
Ex Dg Senelec
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