TAS : «Une soustraction des criminels au détriment des victimes»

Eclatés sur plusieurs courants, les députés non inscrits ont interprété à leur manière la proposition du député Amadou Bâ.
Les non-inscrits ne sont pas sur le même champ d’interprétation de la loi votée hier par l’Assemblée. Thierno Alassane Sall, qui avait fait une proposition d’abrogation avant qu’elle ne soit rejetée, a dénoncé une proposition «inique et inacceptable», dénonçant une «soustraction de criminels au détriment des victimes». Le président de la République des Valeurs a rappelé que la première version de cette loi avait été conçue dans la précipitation par son collègue Amadou Bâ. «Il y a un caractère nul et non avenu dans la première mouture, qui a abouti à cet amendement sans saveur», ajoute-t-il.
Dans le même sillage, Anta Babacar Ngom n’a pas caché son exaspération pour dénoncer cette interprétation. Elle dit au ministre de la Justice : «Pensez-vous que nous ne voulons pas connaître la vérité sur les atrocités évoquées dans cette loi d’amnistie, votée en mars 2024 et qui doit être interprétée ce mercredi ? Je vous le dis : nous sommes tous favorables à l’établissement de la vérité. Mais pas dans une démarche sélective, car ceux qui ont saccagé et détruit des édifices publics doivent, eux aussi, répondre de leurs actes.» Et la députée a appelé à des concertations en vue de mettre en place un comité «vérité et réconciliation».
Mbaye Dione embraie : «Pour que tout soit clair, ce n’est pas la forme, mais le contenu qui pose problème.» Il poursuit : «L’élément sur lequel il faut insister, c’est que le parti au pouvoir a une grande responsabilité dans cette proposition de loi.» Au cœur de ce texte polémique, la question de la Justice reste primordiale. «Nous sommes tous d’accord sur la nécessité d’une rupture en matière de Justice et de libertés. Mais une Justice équitable. Certes, il ne faut pas comparer la perte de vies humaines et les dommages causés. Cependant, il est essentiel que la Justice soit juste. C’est précisément le champ d’application de cette loi d’interprétation qui pose problème», ajoute le député-maire de Ngoundiane. «J’appelle mon grand frère, le ministre, un homme intègre, à faire face à l’Histoire en défendant la Justice, qui doit rester sa priorité.»
Alors que Cheikh Tidiane Youm a estimé devant ses collègues que cette loi d’amnistie devait être réexaminée. Même s’il est évidemment contre son abrogation qui serait dangereuse. «Nous ne devons pas faire preuve de faiblesse en optant pour une solution qui fragiliserait l’ordre et la sécurité juridique», a-t-il déclaré. Il a toutefois rappelé la nécessité d’interpréter cette loi afin d’en préciser le champ d’application et de la rendre conforme aux textes internationaux.