Après 15 ans d’existence, la chaîne des Outre-Mer et de la diversité a diffusé son dernier programme dimanche 23 août.
C’est en musique qu’elle a tiré sa révérence. Dimanche 23 août, France Ô a définitivement rendu l’antenne après la diffusion de son ultime programme «L’Outre-Mer fait son Olympia 2019». Cela faisait 15 ans que la chaîne du service public, consacrée aux Outre-Mer, et à la diversité émettait – et même 22 ans si l’on prend en compte Rfo Sat, sa grande sœur lancée en 1998. «Une chaîne qui se ferme ce n’est jamais bon. Mais quand c’est une chaîne qui s’intéresse à des minorités invisibles, c’est dramatique. Nous sommes dans un pays traversé par une grande diversité, mais on ne la voit jamais sur les grandes chaînes. France Ô permettait de montrer l’autre visage de la France, celui de l’Outre-Mer, mais aussi d’une partie de l’Afrique», regrette Serge Bilé, écrivain, journaliste et présentateur historique de Rfo Sat.
Car si la programmation de la chaîne n’était pas focalisée sur le continent africain, elle proposait de nombreux émissions, reportages ou retransmissions de concerts qui y étaient consacrés. «Fermer France Ô, c’est priver la population d’origine africaine de la capacité de se voir à la télévision. Or c’est très important de se voir, car cela donne l’impression que l’on participe à un même pays, à une même destinée.» Avant sa fermeture, France Ô a reçu de nombreux soutiens. Une tribune publiée dans Libération le 27 juillet et appelant à sauver la chaîne a été signée par 125 personnalités, dont Lilian Thuram, Marius Trésor et Audrey Pulvar. Une pétition en ligne #SauvonsFranceÔ a même été paraphée par plus de 100 mille personnes. (…) Cette suppression va pourtant à l’encontre d’une promesse faite en 2017 par Emmanuel Macron. A la tribune de la rencontre des associations ultramarines, celui qui était alors candidat à l’élection présidentielle assurait : «France Ô sera maintenue, je vous rassure. Il n’y aura pas de suppression de France Ô. Elle a un programme et une justification pleine et entière.»
Jeune Afrique