La femme sénégalaise n’est pas assez valorisée dans les médias. C’est le sentiment de la majorité des participantes de la deuxième édition du meeting Femmes africaines en communication Tic et télévision (Fact) qui se déroule depuis hier à Dakar. Placée sous le thème Médias, femmes et sécurité à l’ère du numérique, cette rencontre est une occasion de discuter des rôles des femmes dans les conflits, mais également de militer pour un contenu de qualité et de changement de comportement par rapport à l’image de la femme.
Il a été beaucoup question du contenu des médias lors de la deuxième édition du meeting des Femmes africaines en communication Tic et télévision (Fact). Hier, lors des premiers panels, les intervenants ont beaucoup insisté sur la place des femmes dans les médias. Dès l’entame de son propos, Marième Selly Kane, organisatrice de cet évènement, a mis l’accent sur la nécessité de militer pour un contenu de qualité et un changement de comportement par rapport à l’image de la femme. D’ailleurs, lors des échanges, la plupart des participantes ont reproché aux médias de véhiculer une image dégradante de la femme ou de les montrer dans de mauvaises postures. Pour la réalisatrice Khardiata Pouye, les médias ne jouent pas leur rôle. Prenant l’exemple de certaines séries sénégalaises, elle fustige qu’on laisse passer «des insanités, des insultes». Marième Selly Kane qui ne nie pas la part de responsabilité des médias, souligne toutefois que cette situation s’est accentuée avec les réseaux sociaux. D’après Mme Kane, avec la course au buzz, c’est l’image la plus dégradante de la femme qui est montrée. Et analyse-t-elle que c’est une violence verbale et psychologique qui aura des répercussions sur la personne concernée. Poursuivant ses propos, elle estime que «la société est malade et est versée dans le voyeurisme qui fait vendre». Intervenant sur cette question, le directeur de la rédaction de Rfi Fulfulde et Madingue a appelé à faire la différence entre les réseaux sociaux et les médias. Selon Fréderic Garat, quand on parle de médias, c’est au sens journalistique du terme. C’est-à-dire, explique-t-il, la vérification de manière scrupuleuse de l’information, ce qui est tout le contraire des réseaux sociaux.
S’agissant des médias traditionnels qui diffusent des images dégradantes de la femme, M. Garat estime que les femmes, chacune à son niveau de responsabilité, peut lutter contre cette situation. Donnant l’exemple d’une société de publicité, il soutient que lors d’une réunion au sein de l’entreprise, si on doit présenter la femme dans une certaine posture, on peut poser la question aux hommes s’ils aimeraient qu’on les voie dans cette position. Ainsi, pour lui les femmes ont un pouvoir à prendre. De même, il pense que les femmes, pour dénoncer ces pratiques, peuvent aussi boycotter des produits si dans la publicité, elles jugent l’image dégradante pour la gent féminine.
La régulation quasi inexistante
Lors des échanges, la question de la régulation du secteur de l’audiovisuel a été aussi abordée. Pour certains intervenants, dans notre pays la régulation ne se fait pas sentir. Prenant l’exemple du Canada, Seydou Kane informe que dans les chaînes de télévision de ce pays, certains mots sont proscrits, ce qui est, d’après lui, le contraire au Sénégal notamment avec les séries. Abondant dans le même sens, Khardiata Pouye s’est interrogée sur le rôle du Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra). Selon la réalisatrice, si la régulation se faisait normalement, certaines insanités ne devraient pas passer dans nos chaînes de télévision. Pour elle, la télévision, qui était censée éduquer, est en train de dépraver les mœurs.
Placé sous le thème Médias, femmes et sécurité à l’ère du numérique, ce meeting a été aussi une occasion de parler du rôle des femmes dans la résolution des conflits. Là aussi, il a été constaté que leurs activités ne sont pas médiatisées. C’est en tout cas le sentiment de la présidente de la plateforme des femmes pour la paix en Casamance, Ndèye Marie Thiam. C’est aussi le même son de cloche du côté de la représentante d’Onu Femme qui soutient que les femmes sont «oubliées et ignorées». D’après Marie José Kandanga, les médias doivent jouer un rôle pour que les femmes soient plus visibles. Concernant ce rôle, Christiane Agboton, du Centre des hautes études de défense et de sécurité (Cheds), a quant à elle soulignait la question de la spécialisation et le renforcement des capacités. Pour Nina Penda Faye de la 2sTv, le moyen de renverser la tendance pour une meilleure prise en charge de ces questions c’est d’impliquer les rédacteurs en chef.