Le président de l’association des Sénégalais au Cap-Vert, Ousmane Mboup, a appelé hier le «Peuple sénégalais à s’abstenir de la violence et de la destruction des biens publics» qui ont coûté si cher aux caisses du Trésor et qui auront certainement des implications désastreuses dans la vie des familles les plus démunies, et il a exprimé sa confiance dans la capacité de son Peuple à résoudre ses problèmes «par le dialogue et par la foi». Le message s’adresse également à la plus haute autorité du pays, Macky Sall, qui, selon lui, «porte le drapeau du pays» et que malgré «les coups qu’il reçoit, qu’il ne laisse pas tomber le drapeau».
Depuis la ville de Praia, et visiblement triste d’avoir à s’exprimer sur le sujet, le président de l’Association des Sénégalais du Cap-Vert a manifesté son inquiétude par rapport à la situation «compliquée» que connaît le pays. «Notre message est celui de la paix. Je m’adresse d’abord aux jeunes, qui détruisent les biens publics et brûlent les universités. Je dois rappeler que ces universités ont formé une grande partie des grands leaders africains dans tous les domaines. J’imagine aussi les nombreux documents brûlés qui n’ont même pas été numérisés.» Ousmane Mboup déplore que, «c’est la destruction de notre histoire, de l’histoire de nos ancêtres, de nos grands-parents, de nos parents, bref de notre Peuple».
Il considère ces actes «pas très bons» pour la bonne image du Sénégal qui, selon lui, se targue d’être un pays où règnent la démocratie et la paix, mais aussi un Peuple pacifique et cordial. Et, «personnellement, je n’admire aucun leader intellectuel qui permet à un citoyen de brûler une université. Même s’ils pensent que la justice échoue, ce n’est pas en brûlant les gens, en détruisant, en lapidant la ‘fontaine’ où tous nos parents, nos proches et nos voisins boivent et utilisent la même eau, qu’ils vont résoudre les problèmes», a-t-il souligné.
Ousmane Mboup attire également l’attention sur les conséquences que de telles actions peuvent avoir sur la vie des familles. «Si nous brûlons notre maison, nous dormirons tous dans la rue. Et sans maison, nous n’avons aucune sécurité, ni pour nous ni pour nos enfants.»
Une autre situation qui inquiète ce Sénégalais qui vit au Cap-Vert depuis plusieurs années, est l’utilisation d’armes à feu. «C’est une situation très déplaisante. Un être humain consciencieux ne devrait pas faire certaines choses. Les Sénégalais sont intelligents et savent que le monde entier nous regarde», a-t-il souligné.
Dans ce sens, Ousmane Mboup a également interpellé le Président Macky Sall. «Monsieur le président de la République, vous tenez le drapeau de notre pays entre vos mains. Nous vous demandons une faveur. Que vous écoutiez vos citoyens pour trouver une solution de paix.» Et d’ajouter : «Même dans les bagarres, dans les coups et dans les problèmes que vous recevez, ne laissez jamais tomber notre drapeau.»
Ousmane Mboup estime également que «la seule façon possible de résoudre les problèmes est la négociation». Et il a été péremptoire : «Nous rappelons à notre Président que nous attendons beaucoup de lui. Il est notre père à tous et si le Sénégal tombe, nous serons très déçus, car nous avons placé notre espoir en lui pour résoudre nos problèmes.»
Le président de la République du Cap-Vert, José Maria Neves, et le ministre cap-verdien des Communautés, Jorge Santos, ont également réagi à la situation politique au Sénégal, où vit une importante communauté cap-verdienne. Ils ont indiqué qu’ils suivaient la situation «de très près» mais qu’ils espéraient une «évolution positive» basée sur un «dialogue profond» capable d’éliminer tout conflit afin que les prochaines élections dans ce pays puissent se dérouler dans un environnement de «normalité absolue».
Par A. NEVES (Correspondante particulière)