Dénonçant les nombreux manquements notés dans l’organisation des dernières élections législatives, l’ancien ministre de l’Energie cite en exemple le Kenya où la Cour suprême a invalidé la dernière Présiden­tielle. Thierno Alassane Sall estime qu’une mauvaise organisation des élections peut «produire la perte de confiance dans les institutions» de la République et conduire «progressivement à l’installation de l’anarchie dans un pays».

Les couacs notés lors des dernières élections législatives au Sénégal ne rencontrent toujours pas l’assentiment de Thierno Alassane Sall. L’ancien ministre de l’Energie et du développement des énergies renouvelables, qui se prononçait à Thiès sur cette question samedi dernier en marge de la prière de l’Aïd el Kébir, ne s’est pas gêné pour citer en exemple le Kenya. Thierno Alassane Sall dira, en effet, avoir constaté que le Kenya vient de «donner un exemple  magistral». Au Kenya, fait-il remarquer, «le jour des votes, on n’a pas constaté des dérives aussi graves que celles qu’on a pu mesurer au Sénégal. Les observateurs ont dit que le processus s’est déroulé correctement, parce que les bureaux de vote ont ouvert à temps, parce qu’il n’y a pas eu de cartes d’électeur non distribuées à temps, parce qu’il n’y a pas eu des zones où on a eu 80 mille personnes qui n’ont pas pu voter comme à Touba. Malgré tout cela, la Cour suprême kenyane a invalidé l’élection présidentielle». Ici, au Sénégal, regrette l’ancien ministre, «malgré les dérives criantes, constatées çà et là, aucune enquête n’a été déclenchée. C’est ça qui produit la perte de confiance dans les institutions, qui amène progressivement l’installation de l’anarchie dans un pays».
Se prononçant sur les dérives via les réseaux sociaux  notées ces dernières semaines, Thierno Alassane Sall déclare : «Tout le monde sait que ce qui se passe sur les réseaux sociaux n’est que le symptôme d’un malaise profond qui traverse la société. Malaise, par rapport à des dérives de nos systèmes, de nos institutions, notamment l’institution judiciaire, et notamment le Conseil constitutionnel, puisqu’il faut le dire.» L’ex-patron des cadres de l’Apr d’ajouter : «Les Sénégalais ont perdu confiance en leurs institutions, notamment le Conseil constitutionnel. Les Sénégalais constatent la carence de la Cena (Commission électorale nationale autonome). Ils ont vu que des centaines de milliers de Sénégalais, voire plus d’un million, ont été mis dans l’impossibilité de voter, que des bureaux de vote ont démarré à des heures indues, là où ceux qui ont organisé ces élections étaient sûrs de les perdre, je pense, à Touba, à Grand Yoff.» Alors même que, constate Thierno Alassane Sall, «là où ils étaient sûrs de gagner, les taux de distribution ont atteint des records». Cela, à son avis, «n’est pas un hasard».

«C’est un symptôme d’une crise profonde»
Sall soutient encore que «les Sénégalais ont vu des cartes d’identité retrouvées dans des taxis par milliers. Et tout ceci sans que le Conseil constitutionnel, l’appareil judiciaire, ne bouge le plus petit doigt pour déclencher les enquêtes pour savoir qui est-ce qui a organisé ce sabotage». L’ancien ministre pense que «c’est pour cette raison que quand la confiance dans nos institutions est perdue, s’installent des dérives, comme ce qu’on constate sur les réseaux sociaux, où des milliers de gens écoutent en direct quelqu’un insulter et se défouler sur les institutions de la République. Des milliers de personnes dont des gens éminemment intelligents, instruits, se mettent à écouter, et des centaines de milliers de Sénégalais écoutent en différé».
L’ancien ministre de l’Energie trouve aussi que «c’est un symptôme d’une crise profonde». Aussi, considère-t-il qu’«il est  temps que l’on se ressaisisse sur ce rapport-là».
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