Les populations de Kirène, Diass et Keur Mousseu sont actuellement secouées par un parfum de scandale qui embaume l’air dans leur zone, du fait de la détermination d’un promoteur immobilier, avec son groupe, exhibant un décret pour s’accaparer 90 ha de leurs terres agricoles. Elles sont redescendues dans la rue pour battre le macadam en guise d’alerte sur des «risques de troubles». A leurs yeux, la monopolisation de ces terres exploitées par la société Qualité Végétale Sénégal (Qvs) risque de mettre en péril plus de 1500 emplois.Par Cheikh CAMARA – 

Les populations de Kirène, Diass et Keur Mousseu, pour la deuxième fois, ont envahi la rue pour déverser leur colère. Une marche pacifique pour remarquer un «parfum de scandale» qu’elles ont détecté, impliquant un promoteur immobilier accusé de vouloir accaparer 90 ha de terres agricoles, exploités par la société Qualité végétale Sénégal (Qvs). Alors que le promoteur dit agir sur la base d’un «décret» lui donnant ce droit. Selon Mbaye Seck, Conseiller technique du Directeur de la société Qualité Végétale Séné­gal (Qvs), avant le décret, il y a eu un protocole d’accord signé en 2019 entre Qvs, le ministère de l’Environnement et la Direction des eaux et forêts, pour 25 ans d’exploitation à partir de mars 2022. Donc, aux yeux des populations, il y a anguille sous roche, pour la simple et bonne raison qu’il est difficile de faire comprendre comment ce promoteur a pu décrocher ce décret sur des terres agricoles et d’élevage.
Selon lui, c’est le deuxième mouvement d’humeur des populations de la zone, dans toutes leurs composantes, marqué par une marche pacifique, pour dénoncer la situation qui se passe à Qvs et qui devient de plus en plus grave. C’est parce que tout simplement, dit-il, le soi-disant promoteur immobilier et son groupe veulent accaparer ces terres d’agriculture. «C’est incompréhensible de trouver une équipe en train de travailler, avec à la clé 1500 emplois, et vouloir s’ériger en propriétaire de ces 90 ha de terres, sur la base d’un décret survenu après la signature d’un protocole signé en 2019 avec le ministère de l’Environ­nement et la Direction des eaux et forêts», s’est-il écrié. Il alerte aussi avec fermeté qu’il est «inacceptable de vouloir satisfaire les intérêts d’une seule personne, au détriment de 1500 employés dont une grande majorité de femmes, qui sont en réalité les premiers soutiens des familles à travers la nourriture, la scolarité des enfants, la prise en charge sanitaire, etc.». Le Conseiller technique de Qvs explique par ailleurs qu’il est inconcevable qu’un espace réservé aux activités agricoles et de pâturage puisse être vendangé de la sorte, en le mettant à la disposition d’immobiliers. Pour lui, c’est contraire aux objectifs de développement du pays, à travers le Plan Sénégal émergent (Pse), car ce serait un coup dur pour deux secteurs-clés de l’économie, porteurs de croissance, en l’occurrence l’agriculture et l’élevage. Ce qui est aussi, à ses yeux, de nature à décourager les jeunes, pourtant déterminés à gagner leur vie à la sueur de leur front à travers ce projet, et à aller affronter la haute mer avec des pirogues de fortune, pour aller à l’aventure, tous les espoirs étant brisés par cette démarche au niveau local. «Nous n’avons que l’agriculture pour vivre, et c’est d’ailleurs pourquoi la zone ne compte aucun cas d’émigration clandestine. La pénurie d’oignon a bouleversé les Sénégalais et pourtant, l’exploitation est propice à Kirène qui fait chaque année une grande production qui alimente tout le marché national. C’est la raison pour laquelle nous voulons que ce périmètre soit pérennisé. Nous n’accepterons jamais qu’un individu vienne s’approprier tout ce patrimoine commun. En tout cas, nous refuserons jusqu’à la dernière énergie», a soutenu pour sa part le chef de village de Kirène. «Nous lançons un appel au Président Macky Sall, le seul aujourd’hui à même de décanter définitivement cette situation. Nous appelons l’opinion nationale et internationale à nous venir en aide, car nous faisons face à des lobbies puissants, qui sont prêts à tout pour nous subtiliser nos terres, notre gagne-pain», a-t-il indiqué.
En tout cas, les manifestants ont affirmé à haute voix qu’ils iront jusqu’au bout dans ce combat. D’ailleurs, l’affaire a été portée en Justice et un pool d’avocats a été commis pour s’occuper de la suite judiciaire.
Correspondant