Le Syndicat autonome des travailleurs de la santé (Sat-Santé), section de l’Hôpital régional de Thiès, a observé un mot d’ordre de grève de 48 heures, particulièrement suivi. Entre vétusté du matériel, précarité des stagiaires et discriminations salariales, le personnel dénonce une gestion devenue insupportable au sein de la structure sanitaire.

Par Cheikh CAMARA – S’inscrivant dans le plan d’actions de la Fédération nationale F2S, les blouses blanches de Thiès réclament une refonte profonde de leur traitement. Au cœur des revendications, figurent l’équité salariale selon la hiérarchie et les responsabilités, ainsi que la généralisation de l’indemnité de logement. Le Secrétaire général de la section, Ibrahima Mbaye, pointe du doigt un déficit national criant de plus de 18 000 agents, et exige la fin de la contractualisation abusive au profit d’un recrutement spécial dans la Fonction publique.

Un plateau technique en agonie
Au-delà des salaires, c’est l’outil de travail qui fait défaut. Les travailleurs alertent sur l’état de dégradation de l’Hôpital régional avec des pannes récurrentes (scanner, mammographie, fibroscopie et chaises dentaires sont régulièrement hors d’usage), un manque de matériel de base : déficit criant de lits, de chariots et de potences, et accueil dégradé. Autant de difficultés majeures pour orienter et prendre en charge les patients dans des conditions dignes.

«L’exploitation» des stagiaires et contractuels
La situation sociale interne est décrite comme explosive. Le syndicat dénonce une utilisation abusive de la main-d’œuvre précaire : «le personnel du Service d’accueil des urgences (Sau) et de la pharmacie est constitué à plus de 70% de stagiaires de longue durée. Certains restent en stage plus de 5 ans sans régularisation», s’insurge Ibrahima Mbaye. De plus, une injustice frappe les contractuels du ministère de la Santé qui, contrairement à leurs collègues des Etablissements publics de santé (Eps), ne bénéficient ni de prime de risque ni d’indemnité de logement.

Des indemnités jugées «indignes»
Le Sat-santé fustige également le mode de calcul des primes et des gardes. La «motivation», censée être un moteur de performance, est devenue une source de discrimination. Il y a les cas de l’indemnité de garde : pour 32 heures de garde par mois en semaine et 96 heures les jours fériés, les agents ne perçoivent que 10 000 F Cfa. Une somme jugée «indigne» pour une structure prônant des soins de qualité. Ensuite, le dossier lié à l’accès aux soins : les travailleurs eux-mêmes peinent désormais à accéder aux médicaments en raison du système de «dépôts-vente». Face à ce qu’ils qualifient de gestion par des «jeunes frustrés et mécontents», les membres du Sat-santé appellent à la matérialisation immédiate du Pacte de stabilité sociale et au respect de tous les accords signés avec les ministères concernés.
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