THIES – Le Centre de guidance infantile et familiale victime de cambriolage et d’incendie : Pr Serigne Mor Mbaye dénonce un acte criminel
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Le bâtiment qui abrite le Centre de guidance infantile et familiale (Cegid) de Thiès a été cambriolé, puis incendié dans la nuit du vendredi 5 au samedi 6 janvier 2018. Selon son directeur, Professeur-psychologue Serigne Mor Mbaye, clinicien et expert en accompagnement psycho-social des enfants victimes de violences, «l’incendie est sans nul doute d’origine criminelle».
«Ce que nous avons observé ici ce matin (hier), ensemble, est sans nul doute d’origine criminelle.» Le constat est du Pr Serigne Mor Mbaye, directeur du Centre de guidance infantile et familiale (Cegid). Il s’exprimait face à la presse, en marge d’une visite au Cegid de Thiès, au lendemain de l’incendie dont a été victime l’institut dans la nuit du vendredi 5 au samedi 6 janvier 2018. Selon le psychologue, «même celui qui n’est ni policier ni enquêteur peut observer qu’une partie du matériel a été volée, notamment nos outils de travail, l’ordinateur, la moto, le tout estimé à plus de 4 millions de F Cfa». Puis, constate-t-il, «le criminel a jeté dans le bâtiment une sorte de cocktail Molotov ou quelque chose d’origine explosive qui puisse provoquer l’explosion même des murs du bâtiment». Pour dire que «l’origine criminelle est avérée». Ne s’épanchant pas trop sur les causes, il signale toutefois : «Nous avons reçu plusieurs menaces durant ces deux dernières années dans le cadre de notre travail et nous avions porté plainte. Et une fois, un agresseur a essayé nuitamment d’arracher les portes du centre, mais heureusement il y avait ici une personne qui a réagi et il a fui.» Tout cela, parce que «c’est un lieu qui accueille des enfants victimes de violences, d’agressions sexuelles, mais également en état de souffrance, à travers le projet Observatoire de lutte contre la maltraitance et les abus sexuels». Un projet mis en place depuis 6 ans par le Cegid, en partenariat avec l’Ong World vision international, qui est présente dans 4 régions du Sénégal (Dakar, Thiès, Kédougou et Diourbel). «Depuis 15 ans, notre travail, conformément aux objectifs du projet, consiste à développer des programmes de prévention et à prendre en charge les victimes et leur famille.»
Pour ce qui est de Thiès, le directeur du Cegid renseigne que «depuis 6 ans, nous sommes aujourd’hui à plus de 400 enfants accueillis. Nous les avons ensuite accompagnés au plan médical, juridique et psychosocial». Ces victimes, poursuit l’expert, «nous viennent de la police et de la gendarmerie que nous avons d’ailleurs formées, de même que des sages-femmes, lors du premier séminaire international sur l’audition de l’enfant mineur, victime d’agressions sexuelles, parce que ce sont nos alliés dans la prise en charge des victimes». Pour dire que «nous savons que travailler dans ce domaine est un risque parce que les agresseurs sexuels sont déjà des délinquants, et quelqu’un qui peut contribuer à les faire arrêter et condamner est un ennemie». Et de donner plus ou moins dans l’alerte : «Peut-être ils vont attaquer demain les policiers et les gendarmes.» Il se désole surtout du fait que «les activités de l’Observatoire vont être suspendues parce que nous ne pouvons pas continuer à travailler en ces lieux». Du coup, ajoute-t-il, «l’offre de service va être suspendue». Et cela constitue «une grande tristesse par rapport à toutes ces victimes que nous recevons et que nous continuons de recevoir, mais également aux nouvelles victimes que nous devrions recevoir et que nous ne pouvons pas recevoir dans ces conditions». L’inquiétude du psychologue reste d’autant plus grande que «nous ne savons pas encore à quand la reprise des activités parce que nous n’avons pas de fonds. Nous avions des fonds pour l’offre de service, mais nous n’avions pas de fonds pour faire face à un incendie criminel», se désole-t-il. Pour l’heure, une plainte a été déposée contre X et l’enquête a démarré, informe Pr Serigne Mor Mbaye, qui demande aux autorités de «soutenir et de veiller à la sécurité des personnes qui travaillent dans ce domaine de protection des enfants, mais également des victimes ainsi que de leurs outils de travail». Il fera noter que «nous travaillons pour l’intérêt des populations et nous voulons le faire dans la sécurité».
nfniang@lequotidien.sn