La grande majorité de la communauté musulmane de Thiès a célébré ce mercredi l’Aid el fitr. A la grande mosquée Moussanté, où Tafsir Babacar Ndiour a dirigé la prière des deux raakas marquant la fin du mois béni de Ramadan, l’imam ratib a abordé plusieurs questions d’actualité, non sans solliciter l’Etat sur la nécessité de diminuer son train de vie. Il dit : «Quand on déclare que l’Etat importe par an 2 000 véhicules de service d’une valeur de 300 milliards de F Cfa, c’est trop.» Alors qu’au même moment, fustige-t-il, «des enseignants courent après des rappels depuis plusieurs années. La 21e compagnie d’incendie et de secours de Thiès, qui se trouve à 200 m de cette grande mosquée, manque de logistique». Il juge «inopportun» le dialogue national puisque, de l’avis du religieux, «les Assises nationales pouvaient constituer un document de base». Imam Ndiour a également dénoncé les multiples formes de violence entraînant des meurtres en série, avant de plaider pour le rétablissement de la peine de mort. Il s’indigne : «La recrudescence du crime avec des scènes horribles jusque-là méconnues du public sénégalais sont malheureusement en train de devenir une banalité. Une recrudescence qui fait fi des prescriptions divines. Surtout quand les auteurs de ces crimes savent qu’ils ne tomberont pas sous les coups de la charia islamique. Laquelle recommande l’application stricte de la loi du talion. Que celui qui attente délibérément à la vie de son prochain reçoive un châtiment identique.» Selon l’imam, «c’est le non-respect de cette loi fondamentale de l’islam qui est la conséquence de cette tuerie à tout bout de champ, des cas de viol qui font foison, des vols avec violence et morts d’homme, entre autres dérives». Pis, poursuit-il, aujourd’hui «on assassine par le poison». Et de regretter : «Ce sont des pratiques qui sont enseignées à travers des séries télévisées qui sont un puissant médium pour atteindre une cible par la distraction. Mais attention, car ce message est pernicieux et dangereux.» Face à la recrudescence des agressions, meurtres et la consommation abusive des dosettes d’alcool appelé «Jakarta» par les jeunes, l’imam ratib de la grande mosquée de Moussanté déplore le fait que de nos jours, la vente soit ouverte aux enfants. «Il y a quelques années de cela, j’ai eu à déplorer ce phénomène. Mais la réalité est que l’autorisation de ce phénomène regrettable émane du pouvoir central. Car aussitôt après ma sortie d’alors pour décrier le fait, le fabriquant lui-même est venu ici me voir pour, selon ses dires, demander pardon, s’expliquer sur le fait et enfin me remercier, puisqu’il ne savait pas que le phénomène avait atteint le milieu scolaire alors que ses enfants sont dans ces écoles. Et dans ses explications, il m’a fait savoir que c’était pour faire face à la concurrence des Indiens qui avaient obtenu l’autorisation de fabriquer et de commercialiser les petites doses. Mais qu’ils sont autorisés par l’Etat à le faire depuis 2009.» S’agissant de l’interdiction du port de voile dans certains établissements scolaires du pays, il rappelle que «le Sénégal a toujours été un pays de tolérance religieuse et qu’il serait dangereux d’y laisser prospérer certaines restrictions d’ordre religieux. Nous avons toujours cohabité en harmonie. Nous sommes des parents. Alors, ne nous laissons pas embarquer dans certaines considérations ! Il n’y a pas dans ce pays une loi qui interdit le port du voile à l’école. On parle de dialogue islamo-chrétien, et ce dialogue est une solution à un problème alors que ce problème n’existe pas dans notre pays. Ce qu’il nous faut aujourd’hui, c’est un dialogue islamo-islam, car la vérité est que c’est entre nous musulmans qu’il y a problème». Entres autres, le religieux a abordé les pratiques adultérines, la course effrénée vers l’avoir, les jeux de hasard et les crimes. Il regrette que dans ce pays qui se dit musulman le jeu du hasard soit organisé et encadré par l’Etat. C’est lui qui met en place le cadre, commercialise en encaisse les retombées.
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