Les réalisations du projet «Zone libre de tout travail d’enfant» (Zltte) dans les villages de Ndiop Sao et Darou Ndoye, commune de Darou Khoudoss, ont été présentées hier aux autorités de la commune. Ce projet, porté par Enda jeunesse action, est mis en œuvre pour lutter contre le travail des enfants dans cette localité au cœur de la zone des Niayes où le taux de scolarisation est très faible.

A Darou Khoudoss, commune située au cœur de la zone des Niayes, les enfants préfèrent les périmètres agricoles aux écoles. Ici le taux de scolarisation est trop faible, renseigne le ministre de l’Education du gouvernement scolaire du village de Ndiop Sao, Ndèye Fatou Mbaye. Pour cause, estime l’élève, «c’est une zone de pêche et de maraîchage et les enfants préfèrent cultiver la terre ou aller en mer. Surtout que la plupart d’entre eux veulent plutôt gagner de l’argent que d’aller en cours. Et souvent, les parents sont complices puisqu’étant, pour la plupart, des illettrés». A ce tableau sombre s’ajoutent les mariages précoces. Selon Melle Mbaye, «l’éducation n’est pas une priorité pour nos parents. Et le principal problème des jeunes filles est le mariage précoce. Les garçons, eux, se reconvertissent en agriculteurs dans les périmètres maraîchers ou en pêcheurs. C’est rare de voir un élève s’inscrire à l’école ou qui suit son cursus jusqu’au Bac. Parce que pour les parents, l’école n’a pas d’avenir», confie-t-elle. Dès lors, une sensibilisation autour de ce fléau du travail des enfants s’impose.
A ce titre, l’Ong Enda jeunesse action a démarré une large campagne de sensibilisation pour lutter contre ce phénomène dans la commune de Darou Khoudoss. Dans ce cadre, elle a mis en œuvre un projet dénommé «Zone libre de tout travail d’enfant» (Zltte) pour accompagner les populations de la localité dans la prise en charge de ce problème. Un projet qui embrasse particulièrement l’éducation, notamment la scolarisation des enfants, explique Ester Sagna, responsable de l’équipe Enda jeunesse action de Thiès. Elle explique que le projet Zltte est une approche qui travaille dans une zone où tout enfant en âge d’aller à l’école la fréquente et à temps plein. «Avant son démarrage en 2016, il y a eu une sélection qui a été faite au niveau de Darou Khoudoss. Et trois villages avaient des caractéristiques un peu similaires par rapport à la scolarisation. Il s’agit des villages où la plupart des enfants en âge d’aller à l’école ne la fréquentent pas, ils travaillent plutôt dans les blocs maraîchers», explique Mme Sagna. Qui poursuit : «Puisque c’est une nouvelle approche, nous avons démarré par deux villages, en l’occurrence Ndiop Sao et Darou Ndoye. Et au niveau de chaque village, nous avons d’abord essayé d’établir une situation de référence pour savoir le nombre d’enfants et ce qu’ils font. Ce qui nous a permis de voir que la plupart des enfants qui sont en âge d’aller à l’école ne la fréquentent pas. Ensuite, nous avons rencontré les différentes communautés pour restituer notre travail avant de définir des axes pour l’amélioration de cette situation. Les communautés se sont donc organisées en comités de protection qui, depuis trois ans, agissent pour essayer de réduire ce fléau en faisant de telle sorte que les enfants aillent à l’école.» Ainsi, renseigne-t-elle, «à l’école de Ndiop Sao qui fonctionnait avec trois classes qui regroupaient les 6 cours, donc des classes multigrades, on les a éclatés. Ce qui a permis la première année des interventions du projet d’avoir un Ci et un Cp séparés, alors que les deux cours étaient dans une même classe. La deuxième année également, le même travail a été reconduit. Et aujourd’hui, toutes les classes ont été éclatées sauf le Cm1 et Cm2». Et cela, souligne-t-elle, sans compter l’organisation des enfants à travers des gouvernements scolaires.
A Darou Ndoye où le village ne disposait pas d’école, Enda jeunesse action a effectué des démarches auprès des autorités académiques et des entreprises minières de la zone comme la Grande côte opérations (Gco) pour la construction d’une école. «Ici, les enfants marchaient presque 2km pour aller à l’école la plus proche qui se trouve à Diogo. Et cela ne motivait pas trop les parents. C’est pourquoi la communauté avait sollicité la construction d’une école. Et la première année, en 2016, l’école avait démarré avec 44 élèves au Ci. Et cette année encore, grâce à l’appui de la Gco, il y a deux classes qui sont construites. Donc, on s’est retrouvé avec trois cours au niveau de l’école de Darou Ndoye.» Elle conclut par assurer que «le travail continue pour amener les populations à intégrer la norme sociale qui dit que : ‘’Tout enfant en âge scolaire doit aller à l’école.’’ C’est ce combat qui est en train d’être mené ensemble avec les communautés et ce sont toutes ces réalisations qu’elles veulent partager aujourd’hui avec les autorités.»

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