Dans un texte reprenant son discours prononcé le samedi 10 décembre 2016, lors de la clôture de la session budgétaire, l’honorable député Mamadou Lamine Diallo s’attaque à la politique sociale et économique du Président Macky Sall. Je retiens de son texte la phrase suivante qui en dit long sur son amertume. Parlant du Président Macky, il écrit : «Ce dernier bénéficie d’une conjoncture favorable : la chance de voir les prix des produits pétroliers baisser et d’une pluie au rendez-vous.» En somme, c’est comme qui dirait un regret de voir le Président Macky diriger un Sénégal pluvieux dans un contexte qu’il dit favorable. Et Mamadou Lamine Diallo de s’essayer maladroitement à une critique en règle du Plan Sénégal émergent allant même jusqu’à (dans une posture condescendante) écrire : «Même les poulaillers ont des plans d’émergence.» Je me garderais du «même» méprisant que l’honorable député nourrit pour un sous-secteur avicole qui compte 30 mille emplois avec un chiffre d’affaires de plus de 72 milliards de F Cfa. L’émergence de ce secteur est une bonne chose dans la perspective du marché de 300 millions de consommateurs dans l’espace Cedeao. Que l’économiste Mamadou Lamine Diallo minimise ce sous-secteur est assez illustratif du dédain de l’économiste théoricien qui, sans doute, doit aimer son poulet local grillé venant de ces «poulaillers émergents».
Je passe sous silence la bile déversée d’un discours théorique de mauvais augure pour inviter l’honorable Mamadou Lamine Diallo à sortir du Point E, de la Zone B et des Almadies pour aller même sans lunettes à Diamniadio et dans l’intérieur du pays. Il y verra à quoi ressemble l’émergence en dehors du papier des universitaires que nous sommes. A Diamniadio, l’honorable Diallo verra sans doute en état très avancé ou fini le Cicad, les complexes résidentiels de Getran, Teylium et Sengindia, le parc industriel avec ses hangars de 7 000 et de 3 000 m2, l’Université Amadou Makhtar Mbow en chantier, la Cité du savoir, l’Isep de Diamniadio et le nouveau siège du ministère de l’Enseignement supérieur en cours.
Un tour même sans les lunettes à Diamniadio permettra à l’honorable Diallo Diery de voir les ouvriers au niveau des chantiers comme la Cité ministérielle devant prendre 15 ministères pour 10 mille fonctionnaires à Diamniadio, le complexe sportif multifonctionnel Dakar Aréna de 15 mille places, le Parc des expositions de 20 000 m2, l’hôtel cinq étoiles dans l’enceinte du Cicad, l’hôpital de classe internationale, le Dakar médical city, les nouvelles infrastructures routières, le système d’assainissement, le quartier administratif avec ses deux cités ministérielles, le marché d’intérêt national et la gare des gros-porteurs, le Centre commercial de Diamniadio avec son complexe cinématographique, le parc technologique numérique, le Vacinopôle etc. La révolution à Diamniadio, c’est qu’on passera sous 10 mille habitants en 2000 à 300 mille.
Quittant Diamniadio, l’honorable Diallo, patron intérimaire pour trois mois d’une partie de l’opposition, verra certainement les routes en réponse muette avec le bilan à mi-parcours du Président Macky qui a déjà réalisé, lancé ou projeté les autoroutes Diaminiado-Aibd (17 km), Aibd-Sindia (19 km), Aibd-Thiès (16 km), Thiès-Touba ou Ila Touba (113 km), Thiès-Thiénaba-Tivaouane (21 km). En 2019, après les 42 km Patte d’Oie-Diamniadio, on aura sous Macky 186 km d’autoroutes et plus de 500 km en fin 2024.
A l’intérieur du pays, les nouveautés avant la fin du mandat sont déjà en cours et s’appellent les axes Sédhiou-Marsassoum (appelée Boucle du Boudié), Kédougou-Salémata, la dorsale de l’île à Morphil, Dabo-Médina-Yoro-Foulah, Bambey-Baba Garage, Ndioum-Ourossogui-Bakel, Tambacounda-Bakel, Dia­locoto-Mako. Toutes choses que l’économiste de salon ne peut voir, obstrué par le café expresso dakarois.
Il a vu que le Ter est en chantier, mais a-t-il compris que nous ne sommes pas condamnés à vivre les embouteillages dans l’entonnoir dakarois ? Le Ter avec ses 115 mille voyageurs par jour vers la nouvelle ville industrielle Diamniadio et vers Aibd et Diass n’est pas pour «impressionner». C’est un jalon difficilement critiquable du développement national, à côté de la relance du chemin de fer avec Dakar-Bamako-Ferroviaire qui, bientôt aussi, lancera ses projets. Alors, Monsieur Diallo et ses amis discutent du genre des anges au moment où le Peuple est en phase avec Macky.
Dans le domaine de l’hydraulique, les nouveautés de Macky s’appellent usine de dessalement d’eau de mer, Nouvelle usine de Keur Momar Sarr, plus de 700 forages réalisés et en cours contre une moyenne de 30 à 70 forages par an de 1948 à 2012. Sans compter ce qui sera fait sous peu pour que tous les villages du Sénégal aient soit un forage ou un réseau. Dire que cela n’est pas révolutionnaire, c’est rester dans un nihilisme suspect.
Dans le domaine de l’énergie, Mamadou Lamine Diallo a sans doute vu les deux centrales solaires de Bokhol et Malicounda. Eh bien, il y en aura 10 avant fin 2018 pour 200 Mw supplémentaires. La capacité de production d’électricité de la Senelec est déjà de 755,5 Mw avec un mix énergétique qui passera à 29,64% en 2018. Sont en cours de route les 125 Mw charbon de Sendou, la première tranche de 50 Mw du parc éolien, les 150 Mw de Taïba Ndiaye, les 29,5 Mw de Santhiou Mékhé à Méouane, Energy resources à Kahone pour 20 Mw en mai, TenMérina à Mérina Dakhar pour 29 Mw en juillet. Ceux qui refusent de voir la lune du Pse, du Pudc, du Puma et des autres programmes auront des migraines.
L’économiste MLD nous rappelle que «émerger, c’est émerger industriellement». Il n’est sans doute pas allé vers Diamniadio pour voir l’état d’avancement du parc industriel. Certes, l’industrie sénégalaise a des difficultés dues à la cherté des intrants et à la concurrence déloyale des produits importés. Le Président Macky est dans ce chantier. L’honorable Diallo n’a pas vu que les Ics, la Nsts, Sotexka, Suneor sont sortis des griffes de la faillite et sont sur de bons rails du fait d’une vision qui place l’industrie au cœur du dispositif d’émergence. Il n’a pas vu la cohérence des agropoles en vue dans le cadre des pôles territoires.
Parlant d’emplois, Mamadou Lamine Diallo n’a pas vu les efforts depuis 2012 qui ont déjà donné 234 mille 260 contrats signés en moins de quatre ans hors secteur agricole et rural sans compter l’auto emploi avec les programmes de financement des projets des jeunes et des femmes. Avec un taux de chômage de 13,4% dont 48% de demandeurs d’emplois sans diplômes qualifiants, la solution structurelle est en marche avec les efforts d’adéquation entre la formation et l’emploi. Ces efforts, en plus des reformes du système éducatif, ont déjà permis de créer par exemple 34 Bts dans diverses filières, sans compter la mise en place des Isep.
Pour finir, je ne retiens que la contradiction du discours de Mamadou Lamine Diallo qui pense que c’est la pluie et le cours du baril qui ont permis au Président Macky de réussir ce qu’il a entrepris jusqu’ici. A ce rythme il va, l’honorable député, finir par convaincre à 100% les Sénégalais de la bonne étoile du Président Macky Sall. Que Monsieur Diallo sache que le Pse est une correction du modèle ancien pour aller dans une perspective de souveraineté économique et sociale ! Sur ce chemin, nous avons certes besoin de renforcer le privé national, mais il nous faut aller vite et bien avec toutes les opportunités d’investissement massif et intelligent pour corriger les gaps. La correction de ces gaps infrastructurels aussi est une manière d’aider le privé national. Le Président Macky (qui a été avant 52 ans tour à tour Dg, ministre, Premier ministre, président de l’Assemblée nationale, chef de l’Etat) est moins théorique que certains économistes de salon. Il est dans l’humidité d’un pragmatisme, raison pour laquelle il a reçu des partenaires techniques et financiers en quatre ans ; une moyenne annuelle quatre fois plus importante que ce qu’on a noté de 2000 à 2012 (5 131,474 milliards reçus entre 2012 et 2016). Il est prétentieux entre deux tasses de café dans les salons feutrés de Dakar de minimiser ce qui se fait. Certes il reste à faire, mais nous sommes sur la bonne voie comme c’est le cas avec l’agriculture, la couverture maladie universelle, les bourses familiales et tant d’autres.
Nous sommes dans l’inversion irréversible du modèle pour aller vers l’émergence avec des lunettes différentes de celles des ego exacerbés. Voilà le problème fondamental de l’honorable député Mamadou Lamine Diallo en attendant qu’il ose, au nom du patriotisme de dépassement des clivages inutiles, changer un jour de lunettes pour voir le tourbillon de concret qui souffle dans le Sénégal. Nous ne désespérons pas puisque le Sénégal a besoin de tous dans l’humilité. L’hu­milité, ce contrepoison de l’orgueil comme disait voltaire.

Mamadou NDIONE
Économiste Écrivain
Conseiller départemental à Mbour
Responsable politique Apr Diass