La réalisation des premières opérations de transplantation rénale suscitent beaucoup d’espoir. Mais, elles peuvent doucher par leur coût. Une greffe coûte 15 millions F Cfa.

Il y a la dialyse, mais il y a aussi la transplantation rénale. Réalisées grâce à la collaboration avec des médecins de Le Dantec de Dakar et de l’Hôpital militaire de Ouakam appuyés par des Turcs, les premières transplantations suscitent l’espoir chez les dialysés et leurs familles, qui doivent supporter un fardeau financier dans un pays où l’insuffisance rénale touche environ 5% de la population, qui doivent procéder à plusieurs séances de dialyse.
«Pendant longtemps, nous avons été frustrés de ne pouvoir faire la transplantation rénale au Sénégal, surtout que nous avons les ressources humaines. Nous avons pu, en novembre dernier, faire les premières greffes rénales au Sénégal. Pour nous les techniciens, c’était afin de montrer aux autorités que nous avons l’expertise pour le faire. Nous avons été appuyés par une équipe étrangère, mais aujourd’hui nous pouvons réaliser ces greffes ici au Sénégal», renseigne Pr Abdou Niang, enseignant-chercheur à l’université Cheikh
Anta Diop de Dakar et président de la Société sénégalaise de néphrologie, dialyse et transplantation.
Si le rêve de la transplantation rénale est devenu réalité avec la mise en place du Conseil national du don et de la transplantation (Cndt), l’accessibilité de l’opération inquiète les patients.

Une greffe coûte 15 millions F
Pr Niang assure que les greffes coûtent de l’argent. Il en veut pour preuve l’évaluation qui a été faite récemment concernant la greffe. «On a évalué à près de 15 millions une greffe, ce qui fait qu’aujourd’hui si on veut greffer avec de l’équité, il faut que l’Etat investisse sur la greffe. Pour le malade qui est sous dialyse, l’Etat paye 12 millions chaque année pour que le malade puisse continuer à vivre.
Et nous avons démontré que quand vous faites la greffe, ce sont 15 millions la première année, 10 millions la deuxième année, mais au bout de la 3ème année, ce sont moins de trois millions. Cela veut dire que si le malade vit 10 ans, une hémodialyse c’est 12 millions fois 10 ans, cela fait 120 millions. S’il vit avec la transplantation, vous avez 25 millions dans les deux premières années, mais après les 7 ans, ce sont 21 millions.
Donc ça, ce sont des calculs qui ont été faits ailleurs, qui nous montrent qu’investir dans la transplantation est rentable.
Investir dans la dialyse péritonéale est rentable, parce que ça réduit les coûts. Pour avoir un centre d’hémodialyse, c’est minimum un investissement de 150 millions, alors que pour faire de la dialyse péritonéale, il faut des ressources humaines et acheter des poches.
Cela veut dire que si on s’y met, on peut aujourd’hui arriver à 500, voire 1000 malades en dialyse péritonéale, mais aussi augmenter l’offre en greffe», détaille Pr Abdou Niang.