Ucad – Apprentissage à la Faculté de médecine : Les professeurs prescrivent la bonne ordonnance
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A l’heure de l’Intelligence artificielle et du boom numérique de manière générale, les méthodes d’éducation changent. Mais, il y a encore ceux qui tiennent à la bonne vieille méthode : «le parcoeurisme». «Il ne faut pas apprendre pour passer en classe supérieure» constitue le conseil donné par des professeurs aux étudiants qui utilisent cette méthode pour réussir leurs examens. Lors du lancement, ce week-end, des activités de la 104ème Promotion sortante de la Faculté de médecine (Prosmed), Pr Boucar Ndong, Pr titulaire de biophysique et de médecine nucléaire, révèle que cette méthode n’est pas bonne pour quelqu’un qui veut devenir un bon médecin. Le responsable des enseignements de biophysique et médecine nucléaire de la Faculté de médecine et chef du Service de la médecine nucléaire de l’hôpital Dalal Jamm explique : «Quand les étudiants apprennent par cœur leurs cours, après les examens, ils oublient tout ce qu’ils ont appris.» Il enchaîne ses explications : «Je préfère un étudiant qui passe avec une moyenne de 10 ou 12 qu’un étudiant qui s’enferme dans sa chambre pour «parcoeuriser» ses cours, qui ne participe pas aux cours et qui ne prend pas part aux stages, mais qui à l’examen réussit avec mention.» A son avis, ce dernier ne sera jamais un bon médecin. Pourquoi ? «Car il ne maîtrise rien. Il n’apprend ses cours que pour passer en classe supérieure», ajoute-t-il.
Un avis partagé par Pr Fatou Samba Ndiaye, marraine de la 104ème Promotion de de la Faculté de médecine. «On n’apprend pas pour passer en classe supérieure. On apprend parce qu’on veut devenir un bon médecin. On apprend parce qu’on veut retenir les diagnostics. On apprend pour que demain, quand on est devant un cas particulier, on puisse le traiter correctement. Mais on n’apprend pas parce qu’on veut parcoeuriser. C’est ce qu’on veut éviter. On veut que nos étudiants comprennent d’abord avant de parcœuriser. Bien entendu, il y a une grosse partie de la médecine qui nécessite du parcoeurisme, mais il faut comprendre pour prétendre être un bon médecin», a-t-elle fait savoir. Pour la cheffe du Service de dermatologie clinique et de greffe de membre osseuse à l’hôpital Dalal Jamm, la manière d’enseigner requiert également un changement de méthode. «Il faut réfléchir sur la manière dont on enseigne, sur la manière dont on doit repenser les différentes matières ou les modules qu’on délivre aux étudiants. Il faudra faire de l’intégration. C’est-à-dire enseigner à nos étudiants l’approche «One health». Finalement on va se rendre compte que les pathologies chroniques s’imbriquent. Donc on est obligé de suivre la mouvance, c’est-à-dire l’approche «One health» pour mieux prendre en charge nos patients. C’est ça qui donnera de bons résultats par rapport à la prise en charge», a-t-elle soutenu.
Il a été aussi démontré par les professeurs que l’Ia présente des insuffisances, même si son importance ne se discute pas. «On ne peut pas parler de médecine dans tous les domaines de la vie sans parler de l’Intelligence artificielle. Elle doit être utilisée, mais comment l’utiliser à bon escient ? Il faudra s’appuyer sur tout ce que nous propose l’Intelligence artificielle pour améliorer nos cours, approfondir nos connaissances pour améliorer la prise en charge des médecins. Mais, il ne faut pas trop faire confiance à l’Intelligence artificielle», a-t-elle indiqué.
D’après Pr Fatou Samba Ndiaye, «il a été démontré que l’expérience s’acquiert au lit du malade. Et c’est ce sur quoi on veut s’appuyer pour insister afin qu’on puisse avoir des produits finis pour devenir de bons médecins au service de la population».
En fait, c’est dans le souci de pallier ces insuffisances que cette 104e Prosmed a organisé un panel sur le thème : «Apprendre et enseigner autrement» pour les enseignants afin d’évaluer les enseignements dispensés aux étudiants. Cette promotion, riche de 450 étudiants, inscrit ses activités dans le social à l’endroit de la population. «C’est le lancement officiel de la Prosmed. Les examens et les cours théoriques se terminent en sixième année. Tout au long de l’année, nous allons être au cœur de l’activité pédagogique. Nous allons organiser des panels, des enseignements post-universitaires. Nous allons faire beaucoup de social. Nous allons organiser des campagnes médicales à travers le pays, surtout dans des régions ciblées, faire des dons de sang, aider les malades, réfectionner quelques structures avec l’aide des partenaires», a informé Mme Gnagna Maguette Kane Guèye, présidente de la Commission des relations extérieures de la Prosmed.
Par Justin GOMIS – justin@lequotidien.sn