Hier était la deadline donnée aux opérateurs semenciers pour mettre en place les semences dans les magasins qui leur sont indiqués. Le Quotidien a fait le tour des magasins agréés du département de Vélingara et s’est rendu compte qu’ils sont quasi vides.Par Abdoulaye KAMARA –

Le ministère de l’Agriculture du Sénégal sera obligé de fixer une autre date butoir aux opérateurs semenciers pour livrer les graines dans les magasins qui leur sont indiqués. En tout cas pour ce qui concerne le département de Vélingara, situé au Sud du pays, les points de collecte des graines d’arachide, de maïs, de sorgho, de niébé, de fonio sont quasi vides. Alors que le ministère et les opérateurs privés stockeurs agréés étaient d’accord sur la date du 14 juin comme date butoir. Un délai que, manifestement, les opérateurs semenciers, dans leur majorité, n’ont pas pu respecter.

Dans l’arrondissement de Pakour qui compte 3 communes et 3 magasins de stockage, aucune graine n’a été réceptionnée à la date du 14 juin, selon le sous-préfet Youssoupha Guèye. Dans l’arrondissement de Bonconto où se trouvent 4 points de collecte (1 pour chacune des 4 communes), seul le magasin de Bonconto a reçu de l’arachide. Les magasins des communes de Sinthiang Coundara, Linkéring et Médina Gounass ont reçu du maïs seulement. Dans l’arrondissement de Saré Coly Sallé avec 6 magasins, aucune graine d’arachide n’est déposée. Les points de collecte de Kandiaye, Kounkané, Némataba et Saré Coly Sallé ont reçu du maïs. Toutes les autres spéculations, comme le fonio, le sorgho, le riz et le niébé, ne sont pas encore annoncées.

Au même moment, les membres des commissions de distribution reçoivent au quotidien des producteurs qui s’impatientent de pouvoir acheter les semences. Parmi les spéculations, l’arachide est, selon un membre de la Commission de Kandiaye (arrondissement de Saré Coly Sallé), «la semence la plus sollicitée. Il s’agit de l’arachide en coques qui exige préalablement d’être décortiquée et puis de séparer les bonnes des mauvaises graines. L’hivernage est déjà là», a-t-il noté.

D’ailleurs, la Commission de cession des intrants de Kandiaye a refusé de recevoir un camion de semences d’arachide qui ne remplissait pas les exigences des nouvelles dispositions arrêtées par les services du ministre Mabouba Diagne. L’opérateur ne détenait pas de bulletin d’analyse pour garantir la bonne qualité de la semence. Le sous-préfet de Saré Coly Sallé, Abdoul Konaté, a été intraitable face à ce manquement.

Quelles explications à cette situation ?
Autres temps, autres mœurs. Les opérateurs privés stockeurs doivent s’adapter très rapidement aux exigences de qualité des semences à mettre à la disposition des producteurs édictées par les nouvelles autorités politiques du pays. Ce qui a changé au niveau des commissions, c’est la rigueur dans le contrôle. «Il est exigé que chaque spéculation à mettre à disposition doit préalablement être certifiée de bonne qualité à travers une vignette d’un laboratoire posée sur chaque sac ou d’un bulletin d’analyse détenu par le convoyeur. Une exigence difficile à satisfaire par les opérateurs dont les graines ne proviennent pas des centres de conditionnement. Et ils sont légion», a expliqué un opérateur qui a préféré se retirer cette année. Mais, selon notre interlocuteur, «les opérateurs n’ont pas d’argent pour acheter les graines. Ils doivent encore de l’argent aux banques qui refusent de leur en prêter encore». Il poursuit : «En fait, le gouvernement Bassirou Diomaye Faye a payé une seule année de dette que l’Etat du Sénégal doit aux opérateurs. C’est la dette de l’année 2002. Il reste celle de l’année 2023. Sur plus de 41 milliards de dette, les banques ont reçu près de 37 milliards. Le reliquat empêche certains opérateurs d’être solvables auprès des institutions de crédit.» Résultat des courses, plusieurs opérateurs agréés reconduits pour cette année peinent à avoir l’argent nécessaire pour respecter leur part de contrat avec l’Etat relativement à la mise à disposition aux producteurs de semences de qualité.
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