Ils sont venus de Saint-Louis pour une tournée de spectacles dans le département de Vélingara. Mais la troupe de 6 artistes va vite déchanter. Interdite de spectacle, elle a dû s’en remettre aux bonnes volontés pour rassembler l’argent nécessaire à son retour au bercail.

En ces temps de pandémie, les artistes souffrent. Contraints au chômage depuis presque une année entière, ces artistes ne savent plus comment vivre de leur art. Quand certains musiciens en sont réduits à vendre leurs instruments, d’autres artistes en sont presque réduits à mendier pour vivre. C’est en quelque sorte l’aventure vécue par cette troupe de six artistes-comédiens, danseurs et prestidigitateurs. Ces artistes ont quitté la ville de Saint-Louis la semaine dernière avec l’intention de donner des prestations dans presque tous les établissements scolaires du département de Vélingara. Une tournée que la troupe a l’habitude de faire chaque année dans la zone et qui est organisée en bonne intelligence avec les établissements à qui une partie des recettes est reversée. Mais cette fois, c’est le Covid-19 qui est venu gâcher la fête. Ces spectacles sont «à tarif très réduit», informe d’emblée le chef du groupe, Amadou Tidiane Diop, prestidigitateur. Malheureusement, le groupe n’a pas eu, cette année, l’accord des autorités scolaires, qui leur ont opposé l’argument de la prévalence de la pandémie à coronavirus qui ne fait pas bon ménage avec les rassemblements. Les médiations et les négociations pour imaginer des formes de distanciation physique lors des prestations n’ont pas convaincu les autorités administratives et scolaires qui «sont restées sur leur position», a ajouté M. Diop. De guerre lasse, les petites économies se volatilisant, les artistes ont décidé de rebrousser chemin. Malheureusement, leurs poches s’étant vidées entre temps, il a bien fallu chercher le moyen de payer le billet retour. «Nous avons mis plus de 50 000 francs pour nous rendre à Vélingara. Nous avons certes un tuteur, mais nous ne pouvons pas lui laisser notre entière prise en charge alimentaire. Pour ne pas davantage grever le budget de sa famille, nous avons décidé de rentrer à Saint-Louis», explique Amadou Tidiane Diop. Mais comment trouver l’argent du retour ? Amadou Tidiane Diop et Cie se sont vus obligés d’aller d’école en école pour quémander. «La plupart de ces directeurs d’école et enseignants me connaissent. Et même les inspecteurs de l’enseignement qui ont mis un peu de temps ici. Je ne me gêne pas de leur demander un service. C’est simplement humain», dit-il quelque peu frustré.
«Pourtant dans toutes ces écoles, à l’heure de la récréation dans la cour et même dans les salles de classe, la distanciation physique n’est pas de mise. Pourquoi devrait-on nous interdire de faire des prestations tout en faisant respecter un certain nombre de mesures barrières ? Les artistes sont réellement fatigués avec cette maladie. L’aide promise et tant chantée ne nous est pas parvenue. A Saint-Louis nous en avons entendu parler, mais nous ne l’avons jamais vue», s’interroge Amadou Tidiane Diop.