A Vélingara, les jeunes sont toujours attirés par l’eldorado européen à leurs risques et périls. Ceux qui sont restés au pays tentent de trouver des alternatives pour gagner dignement leur vie chez eux.

Le département de Vélingara, au sud du Sénégal, est une forte zone de départ pour l’émigration irrégulière. Entre 2015 et le début du deuxième semestre de 2016, le département a perdu une centaine de ses fils tombés dans les eaux méditerranéennes. Précisément, «63 morts sont recensés en 2015 et 33  disparus jusqu’en août 2016», selon Moussa Sibo Mballo, point focal à Vélingara de l’Ong Casades (Comité d’appui aux activités économiques et sociales en Casamance), par ailleurs président de l’Association de protection de l’environnement Ascan (Association des communicateurs amis de la nature). Il informe : «Dans le cadre d’un projet de lutte contre l’émigration irrégulière que nous avons proposé à l’ambassade de France à Dakar, nous étions appelés à faire ce travail de collecte d’informations. Nous avons les contacts des parents de tous ces disparus, leur localité d’origine et le lieu de décès.» Il a fait ses révélations au cours d’un panel axé sur les conséquences de l’émigration irrégulière et les solutions. Cet atelier, organisé par le Conseil communal de la jeunesse (Ccj),  «est une réaction de la jeunesse contre la saignée  des bras valides du département pour un hypothétique Eldorado, dont l’aventure se termine souvent au fonds des océans ou dans le désert saharien», avance Lassana Sambou, président du Ccj.
Les panélistes, Mamadou Baldé, professeur de philosophie et Aliou Camara, spécialiste en travail social, ont cerné les causes du phénomène, informé sur les conséquences aux plans familial, communautaire et étatique puis ont dégagé des pistes de solutions. M. Baldé a résumé les causes en une formule : l’envie d’un mieux-être.  Il s’est empressé d’ajouter : «La quête d’un mieux-être en soi n’est pas une mauvaise volonté. Mais, ce sont les conditions de sa réalisation qui peuvent l’être. C’est le cas  quand on doit voyager sans avoir rempli auparavant les formalités administratives requises.» Toutefois, tous les panélistes se sont appesantis sur les solutions alternatives. Selon Amath Diaw, qui a, par le passé, fait les routes sablonneuses du Sahara, «il faut s’investir dans l’agriculture et dans l’élevage pour avoir l’argent que l’on tente de chercher ailleurs dans des conditions infernales. Nous avons des terres fertiles, une pluviométrie qui dépassent  800 mm de pluie l’an, il est possible de se faire de l’argent et beaucoup d’argent ici.» Avant lui, Aliou Camara a proposé l’auto-emploi par l’agriculture et l’élevage et a incité les collectivités locales à aider les jeunes à s’organiser et à obtenir des financements.  M. Baldé s’est désolé que «les collectivités locales en parlant de financement des jeunes ne pensent qu’aux «navétanes» qui pourtant, à son avis, n’aident pas les jeunes à se passer de l’aide. Le secrétaire général du Conseil départemental de Vélingara ajoute : «à côté de l’agriculture et l’élevage, il faut la promotion de l’artisanat.» Toutes choses qui, si elles sont valorisées et des financements trouvés aux jeunes, avec une bonne dose de communication, devraient les fixer dans le terroir.

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