A Vélingara, la non-déclaration des enfants à l’état civil est un fléau sociétal. Malgré les campagnes de sensibilisation, les comportements ne changent pas alors que plus 2300 candidats au Cfee et au Bfem n’ont pas d’extrait de naissance.Par Abdoulaye KAMARA(Correspondant)
– Comme une ritournelle, la question revient à la veille des examens de fin d’année : la non-déclaration des enfants à l’état civil. Dans la circonscription éducative de Vélingara, 7002 élèves vont se présenter aux examens du Certificat de fin d’études élémentaires (Cfee) et de l’entrée en 6ème, les 6 et 7 juillet prochains, tandis que leurs aînés des classes de 3ème candidats à l’examen du Brevet de fin d’études moyennes (Bfem) font 2315 élèves. Ces chiffres ont été fournis par l’Inspecteur départemental de l’éducation (Ief), Déthiouck Samba, au cours d’un Comité départemental de développement (Cdd) préparatoire à ces évaluations de fin de cycle. Parmi ces candidats, 2337 potaches de l’élémentaire sont autorisés à passer cet examen sans détenir une pièce d’état-civil et 47 pour les candidats au Bfem, selon le patron de l’éducation dans cette localité de la région de Kolda au Sud du pays. Pour donner une explication au phénomène et proposer des solutions, M. Samba dit : «Nous sommes dans une localité qui fait frontière avec 3 pays. Certaines écoles, au niveau des frontières, accueillent des élèves dont les parents n’ont pas d’actes d’état-civil ; leurs enfants ne peuvent pas en avoir aussi. C’est l’une des explications. Mais de toute façon, notre responsabilité en tant que acteurs est engagée. On ne peut pas garder un enfant pendant 6 ans à l’école et puis dire au moment de passer l’examen qu’il n’a pas d’extrait.» Il propose : «Nous allons développer des stratégies avec les Comtés de gestion de l’école (Cge) pour trouver une solution définitive à ce problème.» Une solution qui passe par l’organisation d’audiences foraines, a suggéré le maire de la commune de Kounkané, Mohamed Nourou Baldé.
Une suggestion qui a eu le pouvoir de provoquer la réaction désapprobatrice du sous-préfet de l’arrondissement de Saré Coly Sallé. Abdoul Konaté met en garde : «Les audiences foraines, c’est la pire des solutions que l’on trouve au problème de la non-déclaration des naissances, à temps. C’est la porte ouverte à l’octroi de cette pièce à des étrangers. Surtout que nous sommes dans une localité aux frontières poreuses. Cela pose un problème de Sécurité nationale. Notre pays va former et investir sur des gens d’autres nationalités qui ensuite vont rentrer.» A sa suite, son collègue de l’arrondissement de Bonconto a mis en garde les enseignants contre toute implication dans ces audiences foraines qui sont souvent l’occasion de faire de fausses déclarations qui peuvent coûter cher à la longue. «L’acte d’état-civil est une affaire des parents. Que les enseignants ne s’en mêlent pas», a-t-il conseillé.
Pour le proviseur du lycée Chérif Samsidine Aïdara de Vélingara, «il faut s’arrêter un peu et faire le bilan de toutes ces campagnes de sensibilisation financées par des partenaires pour l’enregistrement de l’état-civil. Il faut étudier le rapport que le Sénégalais a avec la déclaration de naissance. Les audiences foraines ne sont pas la solution».
L’organisation de ces examens en période pluvieuse exige la prise de précautions pour la sécurisation des épreuves et des copies, de même que pour le déplacement des candidats et examinateurs. Là-dessus l’inspecteur a demandé l’implication des collectivités territoriales et des services techniques pour la mise à disposition de véhicules ainsi que des forces de sécurité et leurs auxiliaires que sont les Agents de sécurité de proximité (Asp).
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