Donner une seconde chance aux enfants de leur zone d’intervention du département de Vélingara, pour apprendre ou renforcer leur maîtrise de la langue française à l’écrit et à l’oral, est l’objectif des classes alternatives créées par Enda jeunesse action (Eja) dans les communes de Kandia, Némataba, Paroumba et Wassadou. Une initiative bien appréciée par les acteurs de l’éducation et bénéficiaires.Par Abdoulaye KAMARA –

Dans les zones périphériques du département de Vélingara, frontalières à la Gambie, à la Guinée-Bissau ou à la Guinée Conakry, l’école française n’est pas forcément l’institution qui donne l’espoir d’une vie future meilleure. Aussi peut-on trouver dans ces zones des parents qui ne font pas de la scolarisation de leurs enfants une priorité ; les modèles de réussite sociale n’étant pas issus de l’école. Tout au plus, cherche-t-ils (les parents) à alphabétiser les enfants en français, c’est-à-dire apprendre à lire et écrire dans cette langue pour pouvoir émigrer, principalement. Alors, il n’est pas étonnant de trouver dans les communes de Kandia, Némataba, Paroumba et Was­sadou (localités frontalières aux pays précités) des centaines d’enfants en âge de scolarisation qui squattent les rues à longueur de journées. Une réalité que cherche à corriger Enda jeunesse action qui, avec le soutien de Caritas-Sénégal, intervient dans ces localités dans le cadre de son projet d’accompagnement des enfants en migration précoce. En récupérant tous les enfants, entre 7 et 17 ans, qui traînent dans les rues, alors qu’ils doivent être dans des salles de classe. Sirifou Diao, responsable d’Enda jeunesse action à Vélin­gara, détaille : «Nous avons créé des classes alternatives dans les villages de Wélia Siby (Némataba) et Doubirou (Kandia). Mon collègue Mama Samba Mballo en a aussi créé une dans le Paroumba et une autre dans le Wassadou. Une classe alternative, c’est une classe informelle créée dans une école élémentaire pour récupérer les enfants ayant l’âge d’aller à l’école (entre 7 et 17 ans) et qui sont hors du circuit scolaire pour diverses raisons. Soit, ils y étaient et ont abandonné ou n’ont jamais fréquenté. L’objectif est de leur donner une seconde chance pour s’instruire et s’éduquer.» Il poursuit : «Dans la zone d’intervention de Kandia et Némataba, nous avons créé une classe dans l’école élémentaire du village de Wélia Sibi (Némataba), 19 enfants âgés de 7 à 17 ans sont enrôlés. A Doubirou (un village de la commune de Kandia), 33 enfants sont recrutés. Des moniteurs issus de la localité sont recrutés et motivés par les soins d’Eja. Ces moniteurs sont formés et suivis par le directeur de l’école avec la complicité de l’Inspection départementale de l’éducation. Chaque moniteur détient un cahier de suivi de la classe pour suivre l’évolution des performances et niveaux des apprenants. Les apprentissages se font les après-midi de lundi, mercredi, vendredi et samedi matin.»

Le directeur de l’école élémentaire de Wélia Sibi, Pape Aly Sané, a apprécié l’initiative, qui commence à porter ses fruits : «En une semaine de cours, nous avons déjà récupéré un élève qui avait abandonné et que nous avons décidé de mettre dans le circuit normal en classe de Ce2. Les élèves abandonnent par manque d’informations, mais aussi par manque de moyens pour se payer le kit de fournitures scolaires nécessaires. Enda a doté tous ces apprenants de tout le kit nécessaire pour toute l’année scolaire, en plus de payer le moniteur que nous suivons.» Les apprenants de la classe alternative de Doubirou ont fait entendre toute leur joie de retrouver les bancs de l’école qu’ils avaient abandonnés pour défaut de motivation des parents qui étaient négligents quant à la prise en charge réelle de leurs besoins matériels.
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