Vernissage de l’exposition «Appel à la terre» : Les vestiges du passé exhumés

Dans le cadre des off de la Biennale 2018, Art’A’Dakar organise une exposition rétro. 50 œuvres issues de la collection privée du Café des arts ouvrent un pan de l’histoire culturelle de l’Afrique du Sénégal.
Une valeur inestimable. L’adjectif n’est pas de trop pour qualifier l’exposition Appel à la terre dont le vernissage a eu lieu le samedi à la résidence Charles aux Almadies. Elle se tient dans le cadre des off de la Biennale 2018. Au total, ce n’est pas moins de 50 œuvres issues de la collection privée du Café des arts, un haut lieu de la culture dans les années 90 à Dakar. L’objectif est de «recenser le patrimoine culturel et de le transmettre pour ouvrir une voie à la jeunesse afin qu’elle s’exprime en gardant ses origines». En ce sens, de Ker Mbaye, El Hadji Mboup, Chérif Thiam en passant par Djibaten Sambou, Diatta Seck, Seyni Mbaye, Adama Boye sans oublier Bernard Erigal Didier, cet Ivoirien qui signe sous le nom de Iridi, l’Appel à la terre ouvre un pan de l’histoire culturelle de l’Afrique en général et du Sénégal en particulier.
Des œuvres soumises à l’appréciation du public, les tableaux de Iridi attirent le plus l’attention. Avec un souci du détail rarement vu, le petit génie comme le nomme affectueusement Oriana Moussali, la fondatrice d’Art’A’Dakar, s’exerce à plonger le visiteur dans un tourbillon d’interrogations.
Pourquoi un tel sens du détail ? Comment est-il possible de réaliser un tableau sans pinceau avec une telle précision chirurgicale ? Voilà autant de réponses que le visiteur devra chercher. Pour l’heure, il est connu que l’Ivoirien de passage au Sénégal est tombé amoureux de Djibaten Sambou. C’est ce dernier qui l’a initié au maniement du couteau. Une nuit aura suffi à Iridi pour maîtriser les rudiments de cet instrument. Par la suite, il adopte le pinceau comme outil de travail. Sa proximité avec Djibaten Sambou expliquerait-elle la présence de l’œil dans ses tableaux ? En tout cas, Djibaten Sambou n’a jamais caché son désir de voir sa mère retrouver la vue, c’est ce qui explique la présence de l’organe de la vue dans ses œuvres.
En filigrane, cette exposition se veut la première étape d’une création d’une plateforme d’expression pour les artistes locaux. C’est une rétrospective de l‘art du Sénégal de 1966 à 2007. Elle se positionne comme une introduction à l’histoire de l’art au Sénégal post-indépendance pour recenser, préserver et transmettre la valeur de notre legs culturel.
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