Le choix de la période de Noël/fin d’année pour cette tournée n’est pas anodin. C’est un moment de rassemblement qui permet de célébrer la diversité culturelle et religieuse de la région, tout en montrant un message d’unité nationale. Politiquement, cette tournée est un exercice de séduction et de confirmation. La Casamance, qui a massivement soutenu la coalition au pouvoir, attend désormais des preuves de la «rupture» promise. En s’éloignant des salons dakarois pour s’immerger dans les réalités de la forêt et des rizières, le chef de l’Etat tente de briser le sentiment historique d’éloignement. Pour Diomaye Faye, le défi est de prouver que le «Projet» peut s’incarner dans les terroirs les plus reculés, faisant de l’unité nationale non pas un slogan, mais une pratique quotidienne. Toutefois, si la visite est portée par la figure présidentielle de Bassirou Diomaye Faye, l’ombre du Premier ministre planera sur chaque étape de cette tournée. Pour l’enfant de Ziguinchor, la Casamance est un bastion électoral. Aujourd’hui, l’exercice de l’Etat se heurte ici à la réalité du parti. L’annonce quasi simultanée par Ousmane Sonko d’une vaste campagne de massification de Pastef à la veille de la visite présidentielle dans un contexte de brouille assumée, jette un voile d’ambiguïté sur ce déplacement. Si le Premier ministre est dans son rôle de chef de parti, le risque est de voir la solennité de cette tournée diluée dans une ferveur partisane.