La demande de construire une université au Sénégal Oriental était la plus pressante hier lors du vote du budget du ministère de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation. En répondant favorablement à cette requête, Cheikh Oumar Hann a annoncé aussi la réception de 46 Eno (Espaces numériques ouverts) en 2022 et la construction de 8 Isep (Instituts supérieurs d’enseignement professionnel) afin de répondre aux besoins des populations et de leur offrir des formations de qualité.Par Justin GOMIS
– Lors du vote du budget du ministère de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation hier, les députés du Peuple ont égrené un chapelet de préoccupations. Il s’agit, entre autres, de la création de l’université du Sénégal Oriental. Cette vieille promesse du chef de l’Etat, dans sa politique de l’équité territoriale, tarde encore à se réaliser. Alors qu’aujourd’hui, presque toutes les régions du pays disposent d’une université à l’exception de la région du Sénégal Oriental. «Qu’est-ce qui se passe ? Est-ce que nous ne méritons pas une université au Sénégal Oriental ?», a demandé un député de cette localité au ministre Cheikh Oumar Hann. Au regard de la richesse de cette région en ressources naturelles, les députés du Peuple pensent qu’une université dans cette région pourrait aider à former des experts qui vont travailler dans les mines.
D’après le député, Dino Sangaré, l’érection d’une université au Sénégal Oriental n’est pas seulement une demande des fils de la région, mais une demande nationale. «Elle répond à une stratégie nationale et rien ne justifie l’absence d’une université dans cette région», martèle-t-il. Et depuis la délimitation de la zone où elle doit être bâtie en 2013, rien n’est encore fait sur le site.
A défaut d’une université régionale, Tamba n’a pas d’Eno et d’Isep, ont souligné les députés. Et ce qu’ils veulent aujourd’hui, c’est la réalisation de la promesse du président de la République pour la construction d’une université digne de ce nom dans cette zone. «Nous attendons de vous un engagement», dit-il.
En demandant aussi la construction de l’université du Sénégal Oriental, le député Toussaint Manga a sollicité dans le même sens, une augmentation des infrastructures à l’université de Ziguinchor. Car à l’en croire, la Faculté de médecine de cette université est toujours dehors.
Autre préoccupation soulignée par les députés, c’est l’augmentation des universités virtuelles. Pour ce faire, la députée, Awa Niang, demande l’augmentation du budget des Eno. D’après elle, «beaucoup d’étudiants se plaignent du manque d’ordinateurs et de connexion». Elle demande, en outre, le renforcement des Isep et leur évaluation. Car, «depuis leur création, il n’y a pas eu d’évaluation», fait-elle remarquer.
La question de la sécurité dans les universités n’a pas été occultée par les députés. Et même s’ils apprécient positivement les efforts consentis dans ce sens ces temps-ci, la députée, Amy Ndiaye, prône une loi pour empêcher la violence dans les universités du pays. Dans ce sens, elle invite le ministre à interdire des activités politiques au sein des universités.
En réponse à ces interpellations, le ministre de l’Enseignement supérieur, qui a promis de poursuivre le maillage de la carte universitaire, dit entendre la requête des députés sur la construction de l’université de Tambacounda. Il a annoncé la réception bientôt de 46 Eno (Espaces numériques ouverts) en 2022 et le démarrage de 8 Isep (Instituts supérieurs d’enseignement professionnel).
A Kolda où l’antenne de l’université de Ziguinchor est construite, il informe aussi que les travaux ont repris. «D’ici 6 mois, on aura terminé. Mais, il y aura aussi un projet d’extension. On va aussi démarrer en janvier la construction d’une cité universitaire de 500 lits et tout ce qui va avec», rassure-t-il.
L’objectif, dans le respect de la carte universitaire, poursuit-il, c’est de faire de cette antenne de Kolda, une université avec une administration avec tous les atouts et où les étudiants seront dans les mêmes conditions que dans l’université de Ziguinchor. Des efforts énormes sont aussi consentis sur les bourses. Ce que confirme le ministre des Finances et du budget, Abdoulaye Daouda Diallo. «Pour les bourses, nous mettons souvent le curseur sur 40 milliards. Pour les bourses en 2021, c’étaient autour de 46 624 000 000 de bourses mais aujourd’hui, nous avons créé plus de 72 828 000 000 de bourses», affirme-t-il, avant de relever que «c’est un montant déraisonnable» et «qu’il y a lieu de revoir cette politique, car aucun pays au monde ne paie plus de 15 milliards de bourses».
Pour terminer, le ministre Cheikh Oumar Hann n’a pas manqué de faire le bilan de son ministère. Avec la création de 46 Eno, dit-il, ce sont environ 138 000 places. «Quand on va la réceptionner d’ici 18 mois, on aura dans l’ensemble de ces Eno, 138 mille places. On peut encore avoir de la place d’ici 10 ans. On construit aujourd’hui tout en sachant que d’ici 10 ans, les effectifs vont croître. C’est aussi une vision, parce qu’on a créé une université numérique au Sénégal. Une première mondiale et que tout le monde essaie d’imiter. C’est la vision du Président Macky Sall et pas celle des collèges universitaires. Il veut la création d’universités qui vont produire des résultats de qualité», souligne Cheikh Oumar Hann.
Le ministre promet aussi de définir d’ici 2 ans la carte universitaire et de créer un réacteur nucléaire de recherche durant la même période.
Pour l’édition 2022, le budget est arrêté 258 186 961 675 francs, soit une hausse de 18 milliards, a été voté à l’unanimité.
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