Depuis quelques jours, nous assistons hélas, à des sorties de certains hommes politiques, voire d’intellectuels qui ont pour seule volonté, la stigmatisation d’une partie de la population nord de notre pays, le Sénégal.
Les choix librement exprimés à travers leur vote d’adhésion sont qualifiés d’ethniques puisque profitant à l’actuel locataire du Palais dont le dénominateur commun avec une certaine partie nord du pays est l’appartenance à la langue pulaar.
L’objet de mon intervention n’est pas de revenir sur l’histoire politique de cette partie du Nord, riche en enseignements et qui mérite d’être connue. Encore moins, je ne parlerai pas de réalisations concrètes positives du Président Macky Sall pour la partie nord du pays, qui peuvent suffire aisément pour comprendre certaines motivations dans leurs choix.
Mon intervention est de dire, devant la volonté de libre choix d’un citoyen, qu’aucune justification n’est à apporter, ni à exposer, encore moins à demander. Le Sénégal est une Nation constituée d’un ensemble d’ethnies d’origines diverses. Seulement, malgré ce pluralisme qui est une réalité sociologique, nous avons choisi de constituer un seul peuple au destin commun. A ce titre, nous ne reconnaissons que le citoyen. Et à ce niveau, il est une responsabilité et même un sacerdoce pour chacun de se battre pour le renforcement des valeurs républicaines qui sont les fondements de notre cohésion sociale.
Qu’est-ce que la démocratie, si ce n’est une liberté de conscience, une liberté de choix et une liberté d’expression. Notre pays a su garantir jusqu’ici (ce qui est salué par le monde libre entier) à chacune et à chacun de ses concitoyens, la libre expression de ces libertés.
Toutefois, certains apprentis politiques mus par des ambitions et par des intérêts contraires à ceux d’une cohésion sociale, dénient à des citoyens leur liberté de choix.
A ceux-là et à cela, nous disons Non. Nous disons non, parce que nous sommes une Nation qui a su vivre paisiblement dans le respect des uns et des autres, indépendamment de nos appartenances ethniques, religieuses voire confrériques.
Nous disons non, parce que nous refusons que certains équilibres fragiles ne soient secoués pour des intérêts bassement politiques et politiciens.
Nous disons non, parce que notre combat doit rester celui d’une République forte qui continue à préserver et à garantir les droits de chaque citoyen.
Nous disons non, parce que le Fouta, avec les contributions de ses fils dans la construction de ce pays, mérite plus que cette stigmatisation dont elle fait l’objet.
Nous disons non, parce que nous refusons ce processus pernicieux qui vise à culpabiliser le citoyen dans son choix libre et de semer implicitement des germes d’une tension interne pour réussir à changer ses choix futurs.
Nous disons non, parce que le Sud a bien voté pour les candidats qui lui conviennent sans que scandale ne soit soulevé.
Nous disons non, parce que le Baol et le Cayor ont bien voté pour les candidats de leur choix sans qu’il n’y ait rien à y redire.
Nous disons non, parce que Dakar a librement choisi et son choix est accepté et perçu comme normal.
Au nom de cette normalité pour les autres parties de ce pays, nous demandons que cette même norme s’applique pour le choix de nos compatriotes du Fouta.
Chaque leader politique dispose d’une base politique, et le Fouta est une base qui, pour le moment, est restée fidèle au Président Macky Sall et a choisi la continuité de son œuvre.
Encore une fois, nous sommes un pays aux ethnies plurielles ayant décidé de transcender nos divergences pour construire une Nation et une République démocratique.
Convenons qu’il s’agit d’un idéal qui rencontrera sûrement, comme c’est le cas, en ce moment, des difficultés dans le processus de la construction et de la maturation de notre démocratie.
Nous avons la responsabilité de nous battre pour maintenir la cohésion sociale et promouvoir les valeurs républicaines à la base desquelles, le mérite.
Certains agissements ayant tendance à ouvrir des portes qui nous réorientent vers des horizons inconnus et aux lendemains incertains et douteux doivent être combattus.
La situation géopolitique demande une maturité dans la prise de parole publique. C’est pourquoi, à ce niveau, nous appelons l’ensemble des acteurs et responsables politiques à condamner fermement et sans aucune ambiguïté certaines positions qui sapent les fondements de notre démocratie et de notre République et que le débat public soit relevé pour que l’essentiel reste notre cheval de bataille : le développement de notre cher pays, le Sénégal, dans tous ses compartiments et dans toutes ses zones.
Abdoul Aziz TOURE
Président Mouvement Ummo e Jonnde
Membre du Caceam