L’Hôpital régional de la Paix de Ziguinchor est un hub médical d’excellence dans le Sud du Sénégal. Doté de ressources humaines de haut niveau, il veut passer officiellement au statut d’hôpital de niveau 3, voire 4, pour prendre en charge une demande sanitaire croissante et sous-régionale.Par Alioune Badara CISS –

 L’Hôpital régional de la Paix de Ziguinchor s’impose aujourd’hui comme un véritable pôle médical d’excellence dans le Sud du Sénégal. Doté de ressources humaines de haut niveau, cet établissement ambitionne de passer officiellement au statut d’hôpital de niveau 3, voire 4, pour répondre à une demande sanitaire croissante et sous-régionale.

Hôpital de niveau supérieur qui s’ignore encore sur le papier bien qu’officiellement classé de niveau 2, le Centre hospitalier régional de la Paix de Ziguinchor fonctionne de facto comme un établissement de niveau 3, voire 4. C’est le constat sans détour dressé par Moussa Sène, administrateur des services de santé et directeur sortant de l’établissement. «Quand on regarde les ressources humaines, c’est un hôpital de niveau 3 ou même 4. On a plus de 60 médecins spécialistes, 20 universitaires et 14 professeurs agrégés», énumère le directeur de l’hôpital.

Cette richesse en compétences médicales a permis à l’hôpital d’étendre son offre de soins bien au-delà des capacités habituelles d’un établissement régional. Des spécialités autrefois réservées à Dakar sont désormais prises en charge à Ziguinchor, comme la neurologie, la pédiatrie, l’urologie, la gynécologie, la chirurgie de la prostate, entre autres.

«Pratiquement toute la chirurgie se faisait à Dakar dans les années 90. Aujourd’hui, on fait de la chirurgie de pointe ici-même», témoigne M. Sène, fort de plus de trente ans d’expérience dans le secteur hospitalier.

Un impact régional et sous-régional croissant
L’hôpital de la Paix a également consolidé sa vocation sous-régionale. Il accueille des patients de la Guinée-Bissau, notamment pour des soins de néonatologie ou des opérations ophtalmologiques. «Il y a deux ans, un bébé venu de la Guinée-Bissau, né ici, a été surnommé «bébé de l’année». Cela prouve notre rôle transfrontalier», souligne le directeur. Certaines interventions sont même devenues emblématiques. En seulement quatre jours, 1400 cas d’ophtalmologie ont été opérés gratuitement grâce à des équipements laser. «Les pathologies sont là, les spécialistes également. Il faut maintenant pérenniser ces actions avec des équipements permanents», insiste M. Sène. Cette montée en puissance rend les infrastructures actuelles insuffisantes. «Aujourd’hui, nous n’avons que trois salles d’opération pour 17 chirurgiens», alerte le directeur. Un plan d’établissement sur cinq ans est en cours, avec l’ambition d’agrandir les locaux et de renforcer les équipements. «Nous avons l’espace. Ce qu’il nous faut maintenant, c’est un accompagnement étatique à la hauteur des ambitions», plaide-t-il. Face à cette évolution, l’hôpital espère voir son statut révisé rapidement. «C’est un hôpital qui doit aller officiellement au niveau 3. Mieux, l’Etat devrait envisager deux hôpitaux de niveau 3 ou au moins un de niveau 4 dans la zone sud», propose M. Sène, évoquant l’idée de créer des pôles médicaux coordonnés entre hôpitaux régionaux.

Former et soigner : une vocation universitaire
L’hôpital de la Paix n’est pas seulement un lieu de soins : il est aussi un centre de formation. Plus de 20 universitaires y forment désormais médecins et spécialistes venus de tout le pays, y compris de Dakar. «C’est un hôpital complet, universel, où l’on soigne, forme et fait de la recherche», déclare le directeur avec fierté.

Des défis persistent néanmoins, notamment au niveau périphérique. La majorité des patients arrivent dans un état critique faute de prise en charge adéquate dans les postes de santé. «Le dispositif ambulancier a été renforcé, le Samu a évolué, mais il faut aller dans la communauté et renforcer la formation des agents de santé», recommande-t-il. Pour conclure, Moussa Sène, qui part à la retraite ce mois-ci, lance un appel clair : «Il y a un énorme potentiel ici. Ce qu’il faut, c’est construire, équiper et faire confiance aux ressources humaines locales. L’avenir de la santé dans le Sud en dépend.»
abciss@lequotidien.sn