HORTICULTURE Concurrence déloyale, absence de chambre froide

A la faveur d’un face-à-face avec la presse hier, les producteurs de la filière pomme de terre se sont indignés de la concurrence déloyale «imposée par Senegindia» et l’absence de chambre froide. Une situation qui, selon eux, risque de faire pourrir des milliers de tonnes de pommes de terre dans la zone des Niayes.
Concurrence déloyale, absence de chambre froide… La gestion de la production de pomme de terre est chaque fois dénoncée par les producteurs après chaque récolte. En vain ! Quelques jours seulement après la récolte de la pomme de terre, ensevelie dans des bottes de paille sèche à l’intérieur des champs dans la zone de Niayes, les producteurs membres de l’Association pour la promotion des produits agricoles du Sénégal (Appasen) a ressorti sa rengaine habituelle. «Cette situation risque de faire pourrir des milliers de tonnes de pommes de terre dans les prochains jours», alerte Modou Fall Ndiaye, producteur maraîcher dans la commune de Notto Gouye Diama. «A chaque campagne horticole, nous sommes confrontés aux mêmes problèmes. Nous nous demandons même si les gens à qui on a confié le secteur horticole sont compétents», fera-t-il remarquer. Et de noter que «la responsabilité des autorités de ce pays est de protéger les producteurs locaux, livrés à eux-mêmes». En effet, explique son camarade producteur Soulèye Diop, «les producteurs de la filière pomme de terre de la zone des Niayes sont confrontés à des problèmes pour l’écoulement de leur production, au moment où le marché est déjà inondé. Et si rien n’est fait, il y a des risques de pourrissement de milliers de tonnes de pommes de terre dans la zone des Niayes dans les prochaines semaines». Il accuse «l’Agence de régulation des marchés (Arm), qui a opté pour une démarche unilatérale en décidant d’ouvrir le marché à Senegindia jusqu’au 20 mars 2021». Or, poursuit le producteur maraîcher, «il est connu de tous que les producteurs de la zone des Niayes commencent leur mise sur le marché à partir du début du mois de février. Cela veut dire qu’il y a bel et bien le risque d’un mois de télescopage sur le marché entre les produits de la zone et ceux de Senegindia. Et nous serons les grands perdants dans cette situation, puisque cette firme étrangère qui bénéficie de tout l’accompagnement de l’Etat dispose de chambres froides pour conserver la quasi-totalité de sa production en cas de saturation du marché. Ce qui est loin d’être le cas pour les producteurs de la zone des Niayes qui ont recours à des moyens rudimentaires comme l’ensevelissement de la pomme de terre dans des bottes de paille sèche». Pour simplement dire, selon Soulèye Diop, qu’«il est difficile, voire impossible, aux producteurs locaux de concurrencer Senegindia». Les producteurs demandent ainsi au ministère de l’Agriculture et de l’équipement rural et celui du Commerce et des petites et moyennes entreprises de prendre leurs responsabilités pour interdire la commercialisation de la pomme de terre par la Senegindia, afin de permettre aux producteurs locaux d’écouler leurs produits. Surtout que, disent-ils, «les Niayes peuvent approvisionner correctement le marché en pommes de terre». Mais, dénoncent-ils, «avec cette situation où le marché est déjà inondé par Senegindia, les producteurs locaux seront obligés de brader de ce qui restera de la récole, après le pourrissement». Déjà, informe le producteur Soulèye Diop, «le prix du kg de pommes de terre est à 200 francs Cfa contre environ 250 à 275 francs Cfa les autres années à pareille époque. Ce qui veut dire qu’il peut connaître une chute vertigineuse à tout moment». Un problème qui vient s’ajouter au couvre-feu décrété dans les régions de Thiès et Dakar qui a impacté négativement la production horticole, selon eux.