Dans l’enseignement supérieur, il y a l’épineux problème des infrastructures qui enrage les étudiants et le personnel enseignant qui réclament leurs livraisons. Depuis 10 ans, le débat se poursuit, mais la réalité est la même dans toutes les universités publiques. C’est la même situation aussi bien dans les nouvelles universités que les anciennes qui fonctionnent dans des conditions exécrables, avec des années universitaires qui se chevauchent comme si de rien n’était. Une anormalité devenue la règle.

Les chantiers de l’Université Assane Seck de Ziguinchor connaissent néanmoins une bonne évolution. A l’exception de quelques-uns, les chantiers dépendant du Rectorat sont terminés et une partie déjà fonctionnelle, en attendant d’être réceptionnés. La même évolution est notée du côté du Centre régional des œuvres universitaires et sociales de Ziguinchor (Crous-Z), où les réalisations sont en phase finale, comme le pavillon des mille lits tant réclamé par les étudiants. Une visite a permis de constater l’effectivité des réalisations et du déploiement des équipements dans des bâtiments flambant neufs.

Les étudiants, le personnel enseignant et administratif peuvent pousser un grand ouf de soulagement. Les travaux d’extension de l’Université Assane Seck de Ziguinchor (Uasz), dans le cadre du Programme de gouvernance et de financement de l’enseignement supérieur (Pgf-Sup), sont quasiment terminés. Une partie des nouveaux amphithéâtres sont fonctionnels depuis la reprise des enseignements, le lundi 7 avril 2025. Les installations sont en cours dans le reste des nouveaux bâtiments où les équipements sont déjà déployés.

Les infrastructures qui attendent une réception officielle sont composées de trois blocs. Le bloc administratif de l’Unité de formation et de recherche (Ufr) Sciences économiques et sociales et le bloc administratif de l’Ufr Sciences et techniques. Il y a aussi le bloc Disi. Chaque bloc est composé de 46 bureaux, 6 amphithéâtres de 150 places, 2 amphithéâtres de 500 places et 16 salles dont 8 pour des Travaux pratiques (Tp) et 8 autres pour des Travaux dirigés (Td). De manière globale, il y a 92 bureaux, 2 amphithéâtres de 500 places, 12 amphithéâtres de 150 places et le bloc Disi en attente d’achèvement.

«Au départ, les travaux ont été phasés. La première phase concerne la finition des blocs de l’Ufr Sciences économiques et sociales, et de l’Ufr Sciences et techniques, en plus de l’aménagement extérieur. La seconde phase concerne la finition du bloc Disi. Mais l’aménagement extérieur a été rapporté à la seconde phase. Les deux premières phases attendent aujourd’hui d’être réceptionnées», a expliqué, dans le cadre d’une visite, Ahmadou Bamba Fall.
«Les amphis sont déjà occupés par les étudiants depuis la semaine dernière», a fièrement déclaré le directeur de la Gestion du patrimoine et de la maintenance de l’Uasz et ingénieur en génie civil. Selon lui, plus de 90% des travaux sont terminés. «Les blocs équipés sont déjà fonctionnels. C’est quasiment terminé. Il reste l’équipement des amphithéâtres de 150 places en cours d’exécution parce que les équipements sont là depuis hier (Ndlr : lundi)», a-t-il fait savoir. A en croire M. Fall, il reste juste quelques réserves.

En effet, les étudiants attendaient, hier matin, leur professeur pour faire un cours dans un des tout nouveaux amphithéâtres de 500 places. D’ailleurs, la réception définitive des chantiers est prévue pour bientôt.

Les chantiers du Rectorat enfin terminés et fonctionnels, ceux
du Crous-Z en bonne évolution
Les chantiers du Programme de gouvernance et de financement de l’enseignement supérieur (Pgf-Sup) ont démarré en 2015, avec l’Agence de construction des bâtiments et édifices publics (Acbep) comme structure responsable et l’entreprise Satar comme exécutante. En 2018, les travaux ont connu un arrêt pour des raisons qui, souffle-t-on, concernent le Ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation (Mesri). Ils ont été résiliés, puis pris en charge par la Direction des constructions du Mesri, avec cette fois-ci l’entreprise Press High-tech, jusqu’à ce jour.

Le bloc Disi est un autre marché qui dépend toujours du Mesri. Ses travaux, à l’arrêt depuis des années, sont en phase de relancement. «Ce bloc Disi est à 60% d’exécution du gros œuvre», a indiqué Cheikh Ahmadou Bamba Fall.
Pédagogiquement, l’Uasz a ouvert en février 2007 avec 250 étudiants. Il y avait cinq blocs. Au fil des années, le temple du savoir a reçu plus que sa capacité d’accueil. Chaque année, le nombre d’étudiants augmentait alors que la capacité d’accueil ne suivait pas. «Il arrivait qu’on fasse des cours sous les manguiers. On empruntait des classes dans les établissements situés aux alentours de l’université comme l’école Ama, le Service élevage, le Cem Kénia, l’Alliance. Ici, on a fait cours partout», témoigne la chargée de communication du Recteur de l’Uasz. C’est dire que l’Uasz vient de loin. Ayant initialement démarré avec 3 mille étudiants, l’établissement en est aujourd’hui à 10 mille et faisait jusque-là avec très peu d’infrastructures. Il n’y avait quasiment pas de bureaux pour le personnel administratif. «Les professeurs recevaient les étudiants dans leurs véhicules qui leur servaient de bureau», raconte Léa Suzanne Thiaw.

Le fonctionnement des nouveaux blocs est une bouffée d’oxygène pour les étudiants, le corps enseignant et l’administration. L’Uasz avait un gap infrastructurel qui figurait parmi les points de revendications et parfois objets de grève des étudiants et des professeurs.

Les chantiers du Crous-Z sont en phase finale
Le Centre régional des œuvres universitaires et sociales de Ziguinchor (Crous-Z) a pour vocation de favoriser l’amélioration des conditions de vie des étudiants pour leur garantir les meilleures chances de réussite. A ce titre, l’établissement, qui s’occupe de l’hébergement et de la restauration des étudiants de l’Université Assane Seck de Ziguinchor, gère six chantiers financés par le Mesri. Il s’agit de la zone de production, du restaurant de Diabir, de l’atelier de couture, des ateliers des ouvriers, du restaurant de 750 places, du pavillon des mille lits et du campus social de Kolda, qui est aussi en construction.

Si l’atelier de couture, la boulangerie, avec une pâtisserie à l’étage, l’atelier des ouvriers, qui va accueillir tous les corps de métier, et le pavillon des mille lits sont en cours d’exécution, le chantier du restaurant de 750 places est à l’arrêt, pour ne pas dire abandonné depuis des années. Et aucune explication n’est donnée par le Crouz pour la suspension des travaux de ce chantier.

Les mille lits tant réclamés par les étudiants devraient, à terme, permettre de loger le maximum d’étudiants. Mais il reste de ce fameux pavillon, qui est une forte doléance qui revient dans toutes les plateformes revendicatives des étudiants, des finitions. En effet, ce vaste immobilier est tout peint. La décoration intérieure est terminée et les portes et fenêtres installées, tout comme les installations dans les sanitaires. Le matériel d’équipement des chambres, notamment les tables, lits superposables et armoires, est stocké dans certaines chambres. «L’électricité, la plomberie, le système de gestion des incendies, la fosse septique… tout est monté. Il ne reste que l’installation des lits, des tables et des armoires en ce qui concerne l’aménagement intérieur. Cependant, il y a beaucoup de choses qui restent dans l’aménagement extérieur, pour rendre le cadre beaucoup plus agréable. Il reste également l’alimentation en électricité parce dans le projet initial, précisément dans le cahier des charges, le pavillon des mille lits doit avoir un transformateur. L’alimentation en eau n’est pas encore effective. Un forage est déjà construit, mais pas encore mis en service pour alimenter le pavillon. Aussi, l’évacuation, les regards sont installés, mais la fosse septique n’est pas fonctionnelle», a détaillé Lansana Camara.

«Ce sont les quatre détails qui restent», minimise le chef de la Division entretien, construction et transport du Crous-Z. Toutefois, la réception des lits, des tables, des armoires, l’aménagement intérieur constituent l’évolution notée par les étudiants eux-mêmes dans ce chantier.

En attendant, avec seulement 4 pavillons à l’interne, le Crous-Z a été obligé de prendre des logements externes pour ses étudiants. «Le Crous-Z se bat pour offrir de meilleures conditions aux étudiants. On a loué des immeubles pour loger des étudiants. En ce moment, on a trois immeubles. Un pour l’Ufr Santé, un pour les garçons et un pour les filles en première année. C’est coûteux, mais c’est pour les aider», a confié Fatoumata Diallo, chargée de la communication du Crouz, à l’issue d’une visite des chantiers supervisée par son institution.La zone de production de Diabir, qui va alimenter le restaurant annexe afin de satisfaire les besoins en alimentation des étudiants, est à 80% de réalisation. Ses travaux ont été lancés au mois d’octobre dernier. Cette zone de production constitue également une forte revendication des étudiants de l’Uasz, qui forment des files pour manger dans les deux restaurants que compte le Crous-Z pour environ 10 mille étudiants. «Ils sont en phase finale. Il reste l’étanchéité, la peinture, monter les portes et fenêtres», a expliqué Lansana Camara. En attendant, le Crous-Z fait avec un restaurant central de 400 places, le réfectoire 1 de 200 places, le réfectoire 2 de 292 places et le réfectoire Ufr/2S de 72 places, soit au total 964 places pour environ 10 mille étudiants.