Le rapport sur le Dialogue politique, remis hier au chef de l’Etat, contient dix-huit recommandations dont la mise en œuvre nécessite des actions législatives et réglementaires. Certaines prévoient «la révision de la Constitution», d’autres «la refonte du Code électoral, la modification de textes de lois en vigueur ou encore l’abrogation et l’adoption d’une nouvelle législation, ainsi que l’adoption des textes réglementaires portant application des lois précitées». «Ce que vous avez ensemencé à travers ce dialogue est une graine d’espérance et de renouveau pour une réconciliation nationale, une mobilisation de toutes les Forces vives de notre pays vers le développement et la stabilité si enviée au Sénégal et si nécessaire pour l’investissement et l’entreprenariat», salue Cheikh Guèye, facilitateur du dialogue. Il insiste sur l’importance de ce travail : «Lorsque vous avez lancé cet appel à la Nation pour revisiter notre système politique, vous avez ouvert un chantier essentiel. Vous avez appelé non pas à un simple ajustement institutionnel, mais à une refondation, une réinvention lucide de notre vivre-ensemble démocratique. Ce dialogue a été, dans cette perspective, un grand moment de respiration civique. Nous y avons interrogé nos lois, nos institutions, nos pratiques, nos conflictualités et leurs déterminants profonds.»
Pour Cheikh Guèye, «ce dialogue a été une réussite». «Des compromis ont été trouvés, des désaccords assumés, mais surtout, un socle de consensus a émergé. Ce socle, nous vous le transmettons aujourd’hui avec la conviction que vous lui donnerez corps. Il appartient également à l’ensemble des institutions de la République, mais aussi aux citoyennes et cito­yens, de se l’approprier pour bâtir un Sénégal plus juste, plus inclusif et plus démocratique», dit-il.
Selon lui, «ce rapport contient un message puissant : le temps est venu pour le Sénégal d’assainir son système politique, de le rendre plus éthique, plus transparent, plus inclusif». Il rappelle qu’il y a des mesures préalables à toute réforme pour «mettre en œuvre les recommandations, mais aussi pour garantir la continuité de la réflexion, notamment en ce qui concerne les points nécessitant plus d’approfondissement». Il cite par exemple la mise en place d’un comité technique restreint ad hoc chargé de «rédiger tous les projets de textes, d’évaluer les implications techniques, budgétaires et institutionnelles des reformes». Il rappelle aussi qu’il faut modifier l’article 38 de la Constitution en vue de consacrer l’incompatibilité de la fonction de chef d’Etat avec celle de chef de parti, consacrer l’incompatibilité de la fonction de membre du gouvernement avec celle de chef d’exécutif territorial en modifiant l’article 54. «Excellence M. le président de la République, ce dialogue a révélé une attente forte, partagée, presque unanime : rompre avec la captation du pouvoir par l’argent, dénoncer les logiques opaques de financement, mettre fin aux pratiques clientélistes qui minent la crédibilité de la démocratie», note Cheikh Guèye.