L’accès aux financements climatiques reste un sérieux problème pour les collectivités. Par Alioune Badara CISS –

 Un projet d’envergure visant à lever les obstacles à l’accès des collectivités locales sénégalaises aux financements climatiques a été clôturé en début de week-end à la Somone, marquant une étape cruciale dans la lutte du pays contre les défis du réchauffement climatique. L’initiative, portée par le Programme national de développement local (Pndl) sous l’égide du ministère de l’Urbanisme, des collectivités territoriales et de l’aménagement des territoires, a permis de renforcer les capacités des élus locaux à formuler des projets d’adaptation pertinents. La clôture de ce projet s’inscrit dans la nouvelle dynamique politique du Sénégal. Pape Yoro Bakhoum, Conseiller technique numéro 1, représentant le ministre Moussa Bala Fofana, a souligné l’importance de l’alignement stratégique. «Ce projet a été élaboré en phase avec l’Agenda de transformation sous l’intuition du président de la République Bassirou Diomaye Faye et de son Premier ministre Ousmane Sonko qui, en fin de compte, a été traduit par notre département à travers le ministre Moussa Bala Fofana», note-t-il. L’initiative a ciblé directement les enjeux climatiques qui touchent particulièrement les collectivités locales en Afrique. Le projet visait à surmonter les nombreuses barrières qui empêchaient ces entités territoriales d’accéder aux fonds mondiaux pour le climat, décrits par Babacar Dia, coordonnateur du projet au Pndl, comme de l’«argent virtuel». Le principal défi identifié était le manque de capacités locales pour l’élaboration de projets respectant les standards internationaux, ainsi que les barrières linguistiques. Ainsi, Oumar Ba, maire de Ndiop et président de l’Association des maires du Sénégal, a insisté sur la pertinence de l’approche. «Les effets des changements climatiques se lisent et se manifestent au niveau local, mais pour les prendre en charge localement à travers des projets, il faut avoir des moyens et des capacités. Le constat était que ces moyens, les collectivités locales n’en disposaient pas», a-t-il rappelé. Le projet a donc mis l’accent sur la sensibilisation, le renforcement des capacités et l’accompagnement dans la conception de dossiers de projet. M. Bakhoum a par ailleurs mentionné la suppression des barrières linguistiques : «La formation initiée par le Pndl a permis également aux formateurs et acteurs d’accéder à cela afin de pouvoir réduire les écarts.» Aujourd’hui, le succès du projet-pilote est mesurable. De nombreuses collectivités locales des six régions d’intervention (Fatick, Louga, Saint-Louis, Matam, Tambacoun-da et Kaffrine) ont bénéficié des financements et sont désormais considérées comme des territoires plus résilients. Un acquis majeur souligné par le coordinateur du projet, Babacar Dia, est la mise en place d’un Bureau d’assistance permanent. «Nous avons pu réaliser la mise en place d’un Bureau d’assistance qui ne dépend pas de la durée du projet, mais qui va survivre au projet pour toutes les collectivités territoriales du pays, et c’est en ligne que les gens pourront s’adresser à ces structures pour avoir des informations climatiques.» Face aux résultats jugés «visibles sur le terrain», les acteurs appellent à la poursuite et à l’extension du programme. Le Secrétaire exécutif du Pndl a annoncé qu’une seconde phase est déjà en préparation, en partenariat avec la Banque africaine de développement (Bad) et le Centre de suivi écologique (Cse). «Nous sommes en train de mettre en place une seconde phase, et avec le Cse, les études sont en train d’être menées. Et si on a la validation, nous allons pouvoir démarrer en début d’année 2026», explique le secrétaire du Pndl. De son côté, le président des maires du Sénégal a souhaité que les partenaires techniques et financiers continuent leur accompagnement pour une phase d’extension afin de toucher encore plus de collectivités territoriales. La recommandation finale est claire : ne pas s’arrêter en si bon chemin et accompagner les collectivités sélectionnées jusqu’à l’obtention effective des financements mondiaux, comme le Fonds pour l’environnement mondial ou le Fonds vert pour le climat.
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