Le changement climatique impacte plusieurs ressources à différents niveaux. Sur la production agricole, la variabilité pluviométrique influence les rendements et les productions agricoles de manière générale. La variabilité pluviométrique fait qu’il est aujourd’hui difficile d’avoir le profil de l’hivernage avec les faux départs de pluies, le recul de la date de démarrage de la saison pluviométrique ou encore les arrêts précoces de l’hivernage. Ce qui impacte fortement les productions agricoles et pastorales. «L’année dernière, ce cas s’est présenté sur l’arachide où on a eu du mal pour le remplissage des graines. Ce qui a impacté négativement la production», affirme Yacine Badiane Ndour. La directrice du laboratoire national de recherche sur les productions végétales à l’Institut sénégalais de recherche agricole (Isra) s’exprimait mardi en marge de la cérémonie de lancement du Réseau des journalistes spécialisés sur des questions agricoles et pastorales. L’eau figure parmi les ressources affectées par le changement climatique, alors que l’agriculture sénégalaise est à 90% une agriculture pluviale. Les eaux douces n’échappent pas au phénomène. Les chercheurs ont montré qu’il y a une intrusion marine surtout au niveau de la zone côtière. «Le degré de salinisation des terres est presqu’à 1 million d’hectares, sinon plus», renseigne Yacine Badiane Ndour.
Dans les zones où la salinité est devenue très importante comme dans l’estuaire de la Casamance du fait du changement climatique, les poissons pêchés sont de plus en plus de petite taille et la diversité diminue, selon Dr Ahmed Diaw Diadhiou, biologiste chercheur au niveau du Centre océanographique Dakar-Thiaroye. Même si de manière générale, leur impact diminue l’abondance de la biomasse et la qualité, les changements climatiques peuvent aussi avoir des conséquences avantageuses sur la qualité et l’abondance de certaines ressources halieutiques. C’est le cas de la crevette côtière. Le phénomène a été bien observé en Casamance. «Lorsque la salinité augmente jusqu’à atteindre un certain seuil, vous avez la production et la qualité de la crevette qui augmentent en même temps. Mais au-delà d’un certain seuil, vous avez l’effet pervers», a dit Dr Ahmed Diaw Diadhiou.
Les autres conséquences du phénomène sont la dégradation des sols, notamment l’érosion hydrique, l’érosion éolienne avec l’ensablement des cuvettes qui impactent fortement la productivité agricole. Les solutions, indique la chercheure, dépendent des contraintes, des zones et des céréales affectées. Pour les variabilités pluviométriques et autres baisse de celles-ci, l’Isra a mis en œuvre des variétés améliorées à cycle court. Il s’agit de cinq variétés d’arachide de 90 jours homologuées, des variétés de riz adaptées à ce cycle-là, mais aussi adaptées à la salinisation qu’on peut utiliser en Casamance, dans le Sine-Saloum et différentes variétés de maïs. S’y ajoutent les pratiques culturales développées par cet institut. Toutefois, c’est l’utilisation de l’information climatique qui permettra aux producteurs d’appliquer des pratiques et stratégies d’adaptées au changement climatique.
ksonko@lequotidien.sn
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