Les jeunes, surtout ceux qui utilisent internet, souffrent d’une nouvelle pathologie dénommée la déréalisation, annonce Adama Sow, consultant-formateur en usage numérique. Il l’a fait savoir jeudi, lors de l’atelier de deux jours sur le thème «Abus et exploitation en ligne des enfants : réponse judiciaire et prise en charge des victimes», organisé par la Direction générale de la protection judiciaire et sociale (Dgpjs) en partenariat avec l’Unicef. Par Amadou MBODJI –

 La déréalisation est un phénomène récent qui touche les jeunes, les faisant sortir de la réalité physique pour se réfugier dans une réalité virtuelle. Selon Adama Sow, consultant-formateur en usage numérique, c’est une pathologie qui se caractérise par une addiction aux écrans et réseaux sociaux, entraînant des comportements asociaux et une perte de lien social et familial. «Oui, il y a une nouvelle pathologie, c’est une maladie carrément, qui est aujourd’hui reconnue comme telle. On l’appelle la déréalisation. C’est-à-dire que les jeunes ont quitté notre réalité physique pour être dans une autre, leur propre réalité. Et ça, c’est le résultat des usages qu’ils font des applications, des réseaux sociaux, des plateformes digitales, avec tout ce qui va avec, jusqu’à être à un niveau d’addiction. C’est comme être drogué. La déréalisation se caractérise par l’état dans lequel se trouvent ces jeunes, qui sont là, dans la maison, avec vous, physiquement, mais qui ne sont plus avec vous», a servi Adama Sow lors de l’atelier de deux jours ouvert jeudi sur le thème «Abus et exploitation en ligne des enfants : réponse judiciaire et prise en charge des victimes», organisé par la Direction générale de la protection judiciaire et sociale (Dgpjs) en partenariat avec l’Unicef. «Et ils ont des comportements très bizarres. Ils s’isolent, sont toujours connectés sur leurs jeux, leurs téléphones. Et ils deviennent asociaux. C’est-à-dire hors du lien social et familial, en marge», ajoute-t-il.
Adama Sow souligne l’importance de comprendre l’état mental des jeunes atteints de déréalisation pour pouvoir les aider efficacement. Il insiste sur le fait que les éducateurs spécialisés, les juges, les journalistes et les policiers doivent être formés pour reconnaître les signes de la déréalisation et prendre en charge ces jeunes de manière appropriée. Le téléphone coupe les liens sociaux, et il y a lieu pour les parents de trouver des parades pour renouer le fil du dialogue. «Moi, par exemple, dans ma famille, il y a une corbeille dans le salon. Quand on rentre le soir, nous mettons tous nos téléphones dans la corbeille jusqu’à l’heure du coucher. C’est pour permettre à la famille de se parler. C’est une sorte de code. Un code moral qu’on a fait avec mes enfants et tout le monde. C’est difficile parce que vous entendez après votre téléphone sonner, mais vous n’osez pas vous lever pour le prendre. Jusqu’à 22 heures, tout le monde laisse son téléphone. Cela fait partie de l’éducation maintenant à la resocialisation», fait-il savoir.
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