L’addiction au téléphone est en train de faire des ravages chez les adolescents.Justin GOMIS – 

Le téléphone a bouleversé notre mode de vie, mais les conséquences sont aussi palpables, notamment au niveau de la santé mentale devenue aujourd’hui un problème de santé publique. Ababacar Diakité, psychologue spécialisé en santé mentale au niveau du ministère de la Santé, qui faisait une présentation hier, lors d’un atelier de sensibilisation des journalistes sur la santé des adolescents/jeunes, organisé par l’Association des journalistes en santé, population et développement (Ajspd), relève qu’aujourd’hui, beaucoup de jeunes ont une addiction très prononcée au téléphone portable, qu’on appelle addiction comportementale, ou à une substance. «Et pour le premier, je pense que les gens minimisent ça, mais c’est d’une importance capitale.
Puisqu’aujourd’hui, ça impacte même les résultats scolaires de ces jeunes-là. Donc, je pense qu’à ce niveau-là, il y a un travail de sensibilisation, d’éveil, de soutien à faire par rapport à ces jeunes-là qui sont addicts aux réseaux sociaux. Sinon, on aura une jeunesse malsaine, une jeunesse non éduquée, et ça ne fait pas le bonheur des parents et même de la société de façon générale», a-t-il fait savoir. Les chiffres sont alarmants : «En 2019, près de 270 millions de personnes dans le monde ont souffert de troubles mentaux et du comportement selon l’Oms. 301 millions présentaient un trouble anxieux dont 58 millions d’enfants et d’adolescents, 280 millions présentaient une dépression dont 29 millions d’enfants et d’adolescents. La schizophrénie touchait environ 24 millions de personnes, 14 millions présentaient un trouble de l’alimentation dont presque 3 millions d’enfants et d’adolescents en 2019», dit-il. Le psychologue invite les parents à veiller sur leurs enfants si l’on sait que l’adolescence est une période de vulnérabilité où l’exploration et la prise de risque sont courantes. «L’addiction peut affecter la santé physique et mentale (troubles anxieux, dépression, altération du cerveau en développement), la vie sociale et scolaire (isolement, baisse des performances), et il y a un risque de passage à des substances plus dures», indique le psychologue.
D’après lui, le phénomène des réseaux sociaux est devenu un problème de santé publique en Afrique, dans la mesure où beaucoup de jeunes détiennent des téléphones portables. «A la maison, ils ne parviennent pas à lire, à écrire correctement du fait des réseaux sociaux», ajoute-t-il.
Avant de poursuivre : «Je suis un professionnel de la santé. Quinze ans en arrière, on n’avait pas la même société. Mais depuis l’arrivée des téléphones portables, tout a changé. Quand on venait à l’université en 98, ce n’était pas pareil. Il y avait une personne, deux qui avaient un téléphone portable. Mais aujourd’hui, un élève de CM2 peut détenir un téléphone portable. Bonjour les dégâts, c’est la catastrophe ! Moi, à la maison, j’interdis à ma petite-fille de 12 ans, 13 ans, de détenir un téléphone portable. Je lui dis que tant qu’elle n’a pas le Bac, je ne vais pas lui en acheter», expose-t-il.
Pour trouver une solution à cette situation, le psychologue pense que les parents doivent communiquer avec leurs enfants. Mieux, les autorités publiques doivent être interpellées sur la question. Car, à son avis, il faut «que des lois puissent être votées a l’Assemblée pour l’interdiction des téléphones portables aux jeunes de 13 ou 14 ans».
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