Afrique – Résorption du gap énergétique : Sophie Gladima mise sur 9 axes
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Continent aux ressources énergétiques importantes, l’Afrique peine à fournir à ses habitants de l’électricité à suffisance. Une nouvelle trajectoire s’impose ainsi d’où la nécessité, selon Sophie Gladima, de la mise en place d’une nouvelle feuille de route portant sur 9 axes et en adéquation avec l’agenda 2063 de l’Union africaine. Elle l’a étalée hier lors de la cérémonie officielle du 20ème congrès de l’Association des sociétés d’électricité d’Afrique (Asea)Par Alioune Badara NDIAYE(Correspondant)
– L’Afrique est un continent aux potentialités énergétiques extraordinaires. «10 térawatts de potentiel solaire, 350 gigawatts de potentiel hydroélectrique, 110 gigawatts de potentiel éolien et 15 gigawatts en plus de potentiel géothermique», a détaillé hier Sophie Gladima, ministre du Pétrole et des énergies, relevant que cela n’inclut pas le charbon et le gaz, qui peuvent fournir une partie de l’électricité la moins chère du continent. «L’Afrique ne peut fournir d’énergie à ses foyers ni à ses entreprises, à moins de libérer cet énorme potentiel d’énergies renouvelables et de le combiner avec l’énergie conventionnelle pour électrifier et éclairer le continent», a-t-elle insisté, pointant le bas niveau d’exploitation qui positionne l’Afrique en queue, en termes d’accès à l’électricité. «Plus de 640 millions d’Africains n’ont pas accès à l’énergie ; ce qui correspond à un taux d’accès légèrement supérieur à 40%, le niveau le plus faible du monde», a-t-elle dressé. Mme Gladima a aussi révélé que la consommation d’électricité par habitant en Afrique subsaharienne (l’Afrique du Sud non prise en compte) est de 180 kilowatts/ heure (kwh) contre 13 000 kwh par un habitant aux Etats-Unis et 6500 kwh en Europe. Un constat qui a poussé la ministre à plaider une nouvelle politique énergétique en alignement à l’agenda 2063 et le nouveau partenariat pour l’énergie. «La question de l’énergie est à penser sous un prisme nouveau plaçant la réflexion sur les questions liées à l’intégration énergétique, la sécurité énergétique, la souveraineté énergétique, la transition digitale, la transition énergétique, le coût abordable de l’énergie, l’efficacité énergétique et la gestion des changements climatiques au cœur des préoccupations», a-t-elle expliqué. «Face à ces enjeux sur la question de l’énergie, une feuille de route énergétique s’impose pour consolider les acquis et garantir un meilleur approvisionnement énergétique des pays africains», a-t-elle ainsi cru comprendre. Laquelle feuille de route devra tourner, selon elle, autour de neuf axes, notamment la création d’un fonds de préparation de projets régionaux ainsi que le développement des marchés de l’électricité au niveau africain par la construction de corridors d’interconnexion et la réalisation progressive du marché unique de l’électricité en Afrique. «Je plaide une politique énergétique africaine intégrant les questions sur les énergies nouvelles et renouvelables, le nucléaire, l’éolien offshore, l’hydrogène ainsi que toutes les questions connexes sur l’utilisation des véhicules électriques et le stockage de l’énergie», a-t-elle relevé comme premier des axes, alors que le dernier se focalise sur l’innovation dans les financements en vue d’accroître les flux financiers dans les projets du secteur de l’énergie.
Sophie Gladima présidait la cérémonie d’ouverture officielle du 20ème congrès de l’Association des sociétés d’électricité d’Afrique (Asea) qui se tient du 14 au 21 juillet à Dakar.
Peter Kapala, ministre zambien en charge de l’Energie, et Kevin Kariuki, vice-président de la Banque africaine de développement (Bad) en charge de l’énergie, du climat et de la croissance verte, ont pris part à la cérémonie officielle. Il s’agit, selon les organisateurs, du plus grand rendez-vous africain sur l’énergie. Pas moins de 1000 participants dont des dirigeants et décideurs de sociétés d’électricité et d’énergie, des experts, investisseurs autour du thème de cette année : «La nécessité du service public et la performance des sociétés africaines d’électricité.»
A noter que le Directeur général de la Société nationale d’électricité du Sénégal (Senelec) a été porté à l’occasion du congrès, à la tête de l’Asea. Pape Mademba Bitèye succède à la présidence de l’Asea, au Zambien Victor Mulenga Mundende.
abndiaye@lequotidien.sn