Le constat est clair. Entre la ratification de la Convention internationale relative à la protection des droits des personnes handicapées et son application effective, il y a des écarts. Ce constat a amené l’Ong Handicap international, dans le cadre du projet «Vih handicap», à commanditer une étude pour les analyser. Une étude qui a été partagée au cours d’un atelier par les acteurs.

Dans la pratique au Sénégal, les lois et dispositions internes ne prennent pas totalement en compte les droits des personnes handicapées. Telle est la principale conclusion d’une étude réalisée par Handicap international dans le cadre du projet «Vih et handicap». Les personnes handicapées ont des besoins spécifiques très bien pris en compte dans les conventions, les lois et mécanismes nationaux, mais la difficulté réside pour les dirigeants de veiller à ce que, dans toutes les politiques publiques, ces besoins soient pris en compte pour permettre aux handicapés de jouir de leurs droits. L’étude cite plusieurs secteurs.
Dans le domaine de l’Edu­cation par exemple, la dimension inclusive des politiques éducatives est encore à ses balbutiements. L’étude relève des frais de scolarité encore trop élevés pour ce groupe. Elle pointe du doigt un autre problème, la hauteur des tableaux qui ne prennent pas en compte certaines formes de handicap. Dans le secteur de la santé, des efforts sont faits à travers la Couverture maladie universelle (Cmu), les bourses de sécurité familiale et la carte d’égalité des chances. Cependant, l’étude a montré des difficultés à ce niveau. La carte d’égalité des chances, tant vantée, n’ouvre pas les voies de la gratuité aux personnes vivant avec un handicap. «Les soins ne sont pas gratuits pour les personnes handicapées au sein de certaines structures de santé», dit le consultant. Néanmoins, il a noté des «réductions du coût des soins de personnes vivant avec un handicap dans les services sociaux». A cela, il faut ajouter qu’aucun des établissements de santé n’a un règlement spécifique pour cette cible. L’étude fait remarquer que les supports de communication ne prennent pas en compte le handicap. «Il n’y a aucun dispositif pour le sourd-muet», note le consultant. Plus grave, le Conseil national de lutte contre le Sida a clairement dit aux auteurs de l’étude que leurs «outils de collecte ne prennent pas en compte les personnes handicapées». Tout de même, la structure chargée de la lutte et de la coordination a dit qu’elle est en train de faire des études sur ce groupe pour l’année prochaine. Pourtant, une étude faite par Handicap international a révélé que le taux de prévalence du Vih/Sida est deux à trois fois plus élevé dans ce groupe que la population générale. Au sortir de la rencontre, les acteurs vont formuler des recommandations. Mieux, les résultats de cette évaluation vont servir à alimenter l’élaboration du plan de plaidoyer régional qui sera adapté pour chaque pays en fonction des personnes et des institutions ciblées. Ce projet régional concerne 6 pays de l’Afrique de l’Ouest (le Sénégal, la Guinée Bissau, le Cap-Vert, le Mali le Burkina Faso et le Niger) pour une période de 3 ans (janvier 2017-décembre 2019). Son objectif est de contribuer à la réduction de nouvelles infections dans le groupe des personnes vivant avec un handicap, en soutenant la promotion des droits humains et en s’attaquant aux obstacles à l’accès aux services de prévention, de soins et soutiens relatifs au Vih.
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