Atelier – Lutte contre les changements climatiques : Les personnes handicapées veulent être consultées

Particulièrement exposées quand surviennent des inondations et autres catastrophes naturelles, les personnes vivant avec un handicap veulent participer à la prise de décision dans les projets et programmes relatifs aux changements climatiques.Par Justin GOMIS –
Les changements climatiques n’épargnent aucun pays ni aucun continent. Ils n’épargnent pas non plus les personnes vivant avec un handicap. En cas d’inondations et autres catastrophes naturelles, ces personnes sont particulièrement exposées, surtout durant les situations d’urgence. «D’abord, on ne voit pas où on pose les pieds par moments. Et on peut avoir des accidents qu’on aurait pu éviter», liste Ibrahima Yade, le président du Conseil des organisations non gouvernementales d’appui au développement (Congad). Un atelier de partage et d’échanges, pour une appropriation des politiques et programmes sur les changements climatiques par les organisations de personnes vivant avec un handicap et autres acteurs de la Société civile, a été organisé par le Congad, en collaboration avec l’Ong Sightsavers.
L’objectif de cet atelier est de renforcer les capacités des organisations des personnes handicapées et autres acteurs de la Société civile à contribuer à un meilleur suivi des politiques et programmes publics sur les changements climatiques prenant en compte les besoins et les droits des personnes handicapées et autres groupes vulnérables.
Il s’agit aussi de permettre à ces groupes «de présenter des expériences inclusives menées par les Organisations de la Société civile (Osc) sur le changement climatique, de promouvoir la synergie et l’alliance entre les acteurs de la Société civile pour suivre, veiller et influer sur les politiques, les programmes et les engagements internationaux sur le climat», explique M. Yade. «Ils ont leur mot à dire sur les politiques et autres décisions qui sont prises au niveau de l’Etat. Or, pour mieux avoir droit au chapitre, pour mieux contribuer à des évolutions sur ce cadre, il est important qu’ils sachent ce qu’il y a dedans, qu’ils sachent comment ça peut les impacter. C’est d’abord le premier sens de cet atelier. Il s’y ajoute que, pour mieux faire passer leurs droits, leurs revendications, il faudrait qu’ils puissent intégrer les instances de décision. Cet atelier, qui les prépare à cela, veut leur donner les moyens de plaider pour être présents là où les décisions se passent et en y étant présents aussi, pour avoir les atouts, les arguments qu’il faut pour faire passer leur message», souligne le président du Congad.
Selon les acteurs de la Société civile, «malgré les efforts déployés par les décideurs publics, les politiques et programmes sont insuffisamment mis en œuvre et n’atteignent pas le niveau local, d’où la faible implication des autres acteurs, comme les organisations de la Société civile, particulièrement les personnes en situation de handicap, dans le processus de prise de décision, de mise en œuvre et d’évaluation des engagements pris par l’Etat dans ce secteur». C’est pour cette raison que le Congad et Sightsavers ont estimé que les personnes handicapées pouvaient apporter des perspectives uniques aux initiatives de lutte contre l’action climatique qui les éprouve réellement.
Président de la Fédération sénégalaise des associations de personnes handicapées, Moussa Thiaré, indique que les attentes sont nombreuses et variées au regard de la vision qu’ils ont dégagée il y a deux ans et qui s’intitule : «Le handicap, un critère qualité pour le développement durable.» «Un développement durable ne serait possible que si on prend en compte la dimension handicap dans toute sa plénitude, et que le handicap ne constitue pas seulement une sorte de variable au niveau des discours», ajoute-t-il.
Accéder aux instances de prise de décision
Aujourd’hui, ce que veulent les organisations de personnes vivant avec un handicap, «c’est l’accessibilité dans toutes ses dimensions, dans toutes ses implications, à savoir physique, communicationnelle, sociale, mais aussi institutionnelle». A en croire Moussa Thiaré, il urge, pour cette frange de la population, de faire partie des cadres de prise de décision, «parce que c’est là où se planifient généralement les processus».
«Et l’idée ici pour nous, c’est de pouvoir influer sur ces processus-là, parce que c’est comme ça que nous allons parvenir à travailler pour une société inclusive», dit-il. Le président de la Fédération sénégalaise des associations de personnes handicapées pense aussi «qu’il est important de voir que la transversalité du handicap s’inscrit dans le cadre de sa prise en compte dans tous les secteurs, à tous les niveaux». En attendant, les résolutions qui sortiront de cet atelier et dont le but est d’amener les participants à s’approprier l’état de mise en œuvre des plans d’actions, Gabriel Pierre Ndiaye du ministère de l’Environnement, qui a présidé la cérémonie d’ouverture, s’est engagé à les accompagner au nom du gouvernement.
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