Le Comité de politique monétaPolitique monétaire ire (Cpm) de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) a décidé hier, à l’issue de sa 4e réunion ordinaire au titre l’année 2023, de relever de 25 points les taux directeurs de la Banque, à compter du 16 décembre 2023. Ainsi, le principal taux directeur auquel la Bceao prête ses ressources aux banques commerciales passe de 3,25% à 3,50%. Les taux que doivent appliquer les banques restent inchangés.

Face à la presse, le Gouverneur de la Bceao, Jean-Claude Kassi Brou, est largement revenu sur les raisons de cette décision, son impact sur le crédit à l’économie et les perspectives économiques.

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«Après avoir analysé la situation économique, monétaire et financière dans notre Union (Union monétaire ouest-africaine : Ndlr), en tenant compte des évolutions au plan international, de l’évolution de l’inflation, nous avons décidé d’augmenter les taux directeurs de 0, 25%. Le principal taux directeur auquel la Banque centrale prête ses ressources aux banques passe ainsi de 3, 25% à 3, 50%.

Cette décision intervient dans un contexte où les risques d’un retour des tensions inflationnistes sont en hausse, en lien avec la montée des incertitudes tant au niveau international que celui régional.

Dans la plupart des places financières internationales, les banques centrales ont maintenu, pour le moment, leurs taux directeurs à des niveaux élevés pour lutter contre l’inflation. Ces taux directeurs élevés sur les places financières internationales rendent notre zone moins attrayante pour les mouvements de capitaux.

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Quand on regarde les agrégats internationaux, il était important de réduire un peu la demande sur les transferts pour maintenir la stabilité des comptes extérieurs de notre zone.

Ces facteurs ont milité pour une hausse du taux directeur de la Bceao. C’est un taux qui est encore parmi l’un des plus faibles, que ce soit dans notre région, au niveau de l’Afrique de l’Ouest ou même sur le continent. C’est un taux qui reste faible. Mais c’est en droite ligne avec l’évolution de la situation économique globale dans notre région.

Le coefficient des réserves obligatoires applicables aux banques reste inchangé à 3%.

Des assurances sur le financement de l’activité économique
On a pris en compte la situation internationale et régionale, les évolutions de certains agrégats. Nous avons également regardé l’évolution des crédits à l’économie, le financement des activités économiques dans la région. De ce point de vue, il faut indiquer que le financement de l’activité économique ne devrait pas être impacté négativement. Il faut noter que la croissance économique dans notre région reste soutenue. Nous devrons finir l’année à 5,7% de croissance, un taux qui montre que l’activité économique est soutenue. Cette activité est financée. Les banques financent l’économie.

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Les crédits à l’économie continuent d’évoluer à un rythme soutenu, enregistrant une progression de 13,9% en rythme annuel, à fin septembre 2023, après 16,2% à fin juin 2023. Un taux qui est confortable. Le rythme de progression des crédits accordés aux entreprises privées est ressorti à 15%, après une croissance de 18,9% le trimestre précédent. Les crédits octroyés aux ménages ont augmenté de 9,8%, après 11,3% trois mois plus tôt. Globalement, toutes les composantes du financement de l’activité économique augmentent et c’est ça qui permet d’avoir une croissance économique qui tourne autour de 5,7%.
Le taux d’inflation, en rythme annuel, devrait se situer à 3,7% au terme de l’année 2023, après 7,4% en 2022.

Des perspectives positives en 2024
Quand on se projette vers 2024, les analyses de la Banque centrale indiquent qu’on devrait avoir une croissance supérieure.

On pense qu’on devrait se situer à un taux de croissance compris entre 6  et 6 ½%, parce qu’en plus des activités économiques assez soutenues, nous avons des projets importants qui devraient entrer dans leur phase de production. Nous avons les grands projets pétroliers et gaziers au Sénégal, au Niger. Nous avons fait l’hypothèse que la crise au Niger, en 2024, sera réglée et que les exportations de produits pétroliers prévues là-bas, vont se faire. On a pris en compte également le développement du secteur minier ; il y a plusieurs mines qui doivent ouvrir au Mali, au Burkina. En plus de ce que nous avons déjà, dans le secteur agricole, le secteur de transformation agroindustrielle, dans les différents pays, la croissance économique serait plus forte en 2024 qu’en 2023. C’est une bonne nouvelle. Notre zone continue à se développer et nous pensons que l’inflation, avec les mesures qui sont prises par la Banque centrale, la dernière mesure c’est le relèvement du taux directeur qu’on vient de prendre et les mesures prises par les Etats, devrait poursuivre sa dynamique baissière. Nous pensons qu’en 2024, nous allons rentrer dans notre cible, c’est-à-dire 1 à 3%. Nous pensons que les perspectives sont bonnes, malgré les risques, les incertitudes.»
Propos rassemblés par Dialigué FAYE-dialigue@lequotidien.sn