Par Justin GOMIS – 

«La sécurité sanitaire des aliments est l’un des fondements les plus critiques de la santé publique, de la nutrition, du commerce agroalimentaire et du développement durable», déclare Mme Bintia Stephen-Tchicaya, Coordonnatrice sous-régionale par intérim de la Fao pour l’Afrique de l’Ouest. D’après elle, «les risques liés aux maladies d’origine alimentaire continuent de peser lourdement sur les systèmes de santé et les économies africaines». Quelles sont les conséquences ? «Chaque année, plus de 91 millions de personnes tombent malades et 137 000 en meurent à cause d’aliments contaminés. Ces maladies dont 70% sont diarrhéiques, affectent principalement les populations les plus vulnérables, notamment les enfants», prévient-elle. Elle s’exprimait lors d’un atelier de renforcement des capacités des journalistes en santé dans le cadre de la mise en œuvre des activités de consommation du Bureau sous-régional de la Fao pour l’Afrique de l’Ouest sur la sécurité sanitaire des aliments vendus au niveau des marchés, aux alentours des écoles et lieux de grand rassemblement. Elle ajoute : «Ces risques sont accentués par la consommation des aliments provenant des restaurants de rue. L’augmentation de la consommation d’aliments issus de la restauration de rue et des marchés informels accentue les risques, surtout si les normes d’hygiène et de sécurité ne sont pas respectées.»
Pr Amadou Diop, président du Comité national du Codex Alimentarius au Sénégal, explique les enjeux : «La sécurité des aliments n’est pas simplement une question de santé, mais un enjeu transversal au croisement de la santé publique, de l’économie, du commerce, de l’environnement et de la souveraineté alimentaire. C’est un concept qui est en vogue, on n’en parle pas trop, mais ce qu’il faut savoir, c’est que s’il n’y a pas de sécurité sanitaire de l’aliment, il n’y aura pas de souveraineté alimentaire.» Mme Bintia Stephen-Tchicaya pense qu’il faut une synergie d’actions des acteurs pour une meilleure prise en charge de la question. «Ces défis exigent des réponses coordonnées, multisectorielles et durables, impliquant les autorités, les professionnels de la chaîne alimentaire, les consommateurs et les médias. Les journalistes sont des acteurs essentiels dans la construction d’une culture de prévention et de responsabilité en matière de sécurité alimentaire. Grâce à vos enquêtes, vos reportages, vos chroniques, vous pouvez faire évoluer les mentalités, influencer les comportements et interpeller les décideurs», insiste-t-elle. En tout cas, elle est persuadée «qu’une communication bien pensée et étayée permet à coup sûr de sensibiliser la population aux risques et aux bonnes pratiques d’hygiène alimentaire, de mettre en lumière les défis auxquels les professionnels du secteur agroalimentaire sont confrontés, de valoriser les initiatives positives et les innovations locales». Et mieux, «elle permet de contribuer à un plaidoyer fort pour un renforcement des politiques publiques».
Pour Mme Bintia Stephen-Tchicaya, «la sécurité sanitaire des aliments ne doit pas être traitée uniquement en cas de crise sanitaire : elle mérite une présence continue dans l’espace public, en tant qu’enjeu structurel et transversal», dit-elle, espérant «un engagement renouvelé pour intégrer durablement la question de la sécurité sanitaire des aliments dans votre traitement de l’information».
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