Les faits se sont produits il y a 10 ans. L’enseignante Yacine Diop, qui comparaissait devant la Chambre criminelle de Dakar pour «coups et blessures volontaires sur une mineure de moins de 15 ans ayant occasionné une imputation», espère bientôt recouvrer la liberté si le juge suit le réquisitoire du Parquet. Elle sera fixée sur son sort le 16 février prochain.

Accusée d’être responsable de l’amputation de son élève de 5 ans à la suite d’un coup que l’enfant aurait reçu, l’enseignante Yacine Diop était devant la barre de la Chambre criminelle. Mais elle a nié les faits à elle reprochés et s’est défendue comme elle l’a pu devant le juge. «Je n’étais pas de service. On m’a informée que la fille de M. Mbengue, Khadija avait un panaris. Elle a été conduite à l’hôpital. Ce, avant que son père ne vienne à l’école pour informer mes supérieurs que c’était moi qui avais battu sa fille avec une règle. Parce que, disent-ils, Khadija a révélé au docteur qui la soignait que c’était moi l’auteur de ses blessures», a-t-elle restitué aux juges de la Chambre criminelle.
Comparaissant pour coups et blessures volontaires sur une mineure de moins de 15 ans ayant occasionné une imputation, l’enseignante dit n’avoir jamais levé la main sur son élève. D’après ses dires, la petite ne s’est pas blessée dans la classe ni à l’école. «Son père m’a dit que je l’ai battue le 19 décembre 2010. Et c’est le 4 janvier (2011) que j’ai été mise au courant de ces accusations. En plus, je n’ai jamais vu la victime avec un pansement au doigt. D’habitude je ne bats pas les enfants, je leur fais juste peur», dit la maîtresse.
Ces déclarations tranchent d’avec celles de ses anciens élèves, Mohamed Thiam, Souleymane B. Diallo et Fatoumata Diop qui ont soutenu qu’elle les battait en classe. «Tout ce que ces enfants ont dit n’est que des manigances de la part de M. Mbengue, le père de Khadija avec qui j’avais des antécédents», ajoute la maîtresse qui revendique une expérience professionnelle de 8 ans. Son récit ne change pas, elle subodore même un règlement de comptes. «M. Mbengue m’en veut parce que j’ai déplacé sa fille pour l’amener sur les bancs de derrière. Cela ne l’a pas plu. Et à chaque fois, il ne faisait que se plaindre au sujet de sa fille. Quand il m’a accusée d’avoir blessé mon élève, j’avais refusé d’aller chez lui lorsque le directeur nous avait suggéré de lui rendre visite pour régler cette affaire», poursuit-elle.
En tout cas, la victime, qui avait 5 ans à l’époque, explique qu’elle ne savait pas qu’elle était blessée au doigt. «Et c’est quand ma maîtresse m’a frappée que j’ai ressenti la douleur. C’est Yacine Diop qui m’avait frappée à la main», dit-elle. Selon le père de la fille, l’institutrice a toujours frappé la petite. «Mais je ne disais rien pour ne pas créer des problèmes. Mais trop c’est trop. J’ai porté plainte parce qu’il y avait une fracture et son doigt a été coupé», dit-il. La maman de la partie civile enchaîne : «Ma fille m’a dit que sa maîtresse l’avait frappée.» Ces accusations ont pris de «haut» l’enseignante qui n’a jamais varié dans son récit.
Convaincu de la culpabilité de l’accusée, l’avocat de la partie civile a réclamé 100 millions en guise de réparation. Pourtant, la maman de l’élève qui prône le pardon a réclamé juste le franc symbolique. Selon le Parquet général, il y a un doute dans cette affaire. Il a requis l’acquittement. Un ballon saisi au rebond par la défense qui a abondé dans le même sens. La décision sera rendue le 16 février prochain.