Contribution du secteur extractif à l’économie nationale en 2019 : Thiès maintient le cap

Thiès maintient le cap. La région reste en pole position dans la contribution des entreprises évoluant dans le secteur extractif à l’économie nationale. Elle s’élève, pour le 7e rapport 2019 de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (Itie), à 63 milliards de francs Cfa, contre 59 milliards en 2018, soit une hausse de 4 milliards de francs Cfa. Une tendance haussière dans le budget de l’Etat, analyse Papa Alioune Badara Paye, secrétaire permanent adjoint du Cn-Itie. Ce, d’autant que sur les 161 milliards générés en 2019, Thiès a apporté près de 63 milliards de francs Cfa. Les ciments du Sahel sont en tête avec 21 milliards de francs Cfa, la troisième cimenterie, Dangote cement Sénégal (Dcs), vient en deuxième position avec 14 milliards de francs Cfa et 10 milliards pour la Grande cote operations (Gco).
Malgré cette contribution assez significative, Abdoul Aziz Diop, coordonnateur de l’antenne régionale de la coalition Publiez ce que vous payez Sénégal (Pcqvp), relève que «la région vit toujours le paradoxe de l’abondance avec des entreprises extractives qui font des milliards de chiffres d’affaires et à côté des communautés riveraines et collectivités pauvres». Pour preuve, «seuls 542 millions de francs Cfa sont alloués aux 53 collectivités territoriales de la région et les dépenses sociales des entreprises sous forme de Responsabilité sociétale d’entreprise (Rse) s’élèvent à 1,075 milliard pour 2019 avec seulement 5% pour la santé, 2% pour l’hydraulique, 27% pour l’éducation et 13% pour le sport».
«La région vit toujours le paradoxe de l’abondance»
Sur la même lancée, Mamadou Dialang Faye, représentant le Conseil départemental de Thiès, de soulever «des problématiques de manifestation de renforcement de la gouvernance des ressources minières, pétrolières et gazières, mais aussi de transparence». Pour l’ancien parlementaire, «il ne peut y avoir de partage juste et équitable si une partie de la population est exclue du processus, à savoir les femmes, les jeunes, les communautés des zones d’exploitation et le secteur privé national. Cette implication vaut depuis l’exploration et les études géologiques précompétitives à la gestion de tous les flux de revenus, en passant par les négociations des contrats et la concession des permis d’exploitation de même que la réglementation de tous les aspects de la performance sociale et environnementale des entreprises». De ce fait, poursuit M. Faye, «une gestion plus transparente des recettes provenant de l’exploitation des ressources minières peut contribuer à instaurer un meilleur climat social de paix, de stabilité, mais aussi d’investissement et garantir les fonds publics affectés à l’éducation, la santé, les infrastructures et à l’aide aux liens avec l’économie locale. Ce qui profiterait mieux aux collectivités territoriales et aux communautés des zones d’exploitation». Poursuivant sa logique, il explique «que l’une des recommandations de ce rapport 2019 relative à l’exigence O5.3, à savoir la gestion des revenus et des dépenses, préconisant les mécanismes de redevabilité des bénéficiaires des revenus affectés à des régions ou à des programmes spécifiques, appelle à des discussions entre parties prenantes en vue d’une meilleure amélioration quant à l’efficacité de l’utilisation des revenus». A ses yeux, «un débat de fond doit être posé sur les possibilités de renégociation et de signature des contrats miniers, pétroliers et gaziers». Parce que, relève Mamadou Dialang Faye, «le Sénégal a adopté la loi 2019-03 du 1er février 2019 portant Code pétrolier et celle sur la promotion du contenu local. Mais les contrats pétroliers et gaziers, signés avant l’entrée en vigueur de ce nouveau Code, restent régis par l’ancienne loi de 1998. Il en est de même pour le Code minier et décret d’application qui restent applicables aux conventions minières signées avant 2017 et qui ne sont pas conformes au nouveau Code minier». L’élu local a plaidé dans son speech «la répartition du fonds d’appui et de péréquation, dont le transfert aux communautés territoriales n’est toujours pas effectif. Et pour les communes, la répartition des 85% est faite au prorata de la taille de leur population». A ce sujet, il demande s’il est «possible d’inclure un paramètre sous forme de coefficient annuel de pollution ou d’impact négatif évalué qui viendrait compléter le critère taille de population». Egalement il a invité «les autorités à mettre en place des approches plus globales liant politique minière, pétrolière et gazière et politique de développement durable à la place d’une approche d’extraction et d’exportation de produits non transformés». Ce qui pourrait, selon lui, «fortement participer au développement du tissu industriel des petites et moyennes entreprises et donner davantage du contenu au contenu local».