Discours de Birame Soulèye Diop sur l’injure : «C’est vraiment dommage», selon Seydi Gassama

Il aurait pu appeler à l’apaisement. Il a préféré souffler sur les braises. Samedi, sur le campus de l’université Gaston Berger de Saint-Louis, en marge de l’Université d’été organisée par Pastef, le ministre du Pétrole et des mines, Birame Soulèye Diop, a ouvertement encouragé les militants à répondre aux insultes… par des insultes.
Par Ousmane SOW – Que cherche Birame Soulèye Diop ? En escale militante à l’université Gaston Berger de Saint-Louis, le ministre du Pétrole, sans doute trop exposé aux vapeurs inflammables de ses dossiers, s’est cru investi d’un nouveau portefeuille, notamment celui de la défense du leader par tous les moyens. «Celui qui insulte Ousmane Sonko, insultez-le aussi. La réplique est légale et autorisée. Si quelqu’un insulte le président de la République, insultez-le également», a lancé le ministre, sous les applaudissements nourris d’un public acquis à sa cause. Autrement dit, œil pour œil, dent pour dent, invective pour invective. Un discours frontal, provocateur, qui a immédiatement suscité une onde de choc chez certains défenseurs des droits humains. Seydi Gassama, Directeur exécutif d’Amnesty International Sénégal, n’a pas mâché ses mots.
Apologie de l’insulte : Birame Soulèye enchaîne les maux
«Nous regrettons ces propos tenus. C’est regrettable, on ne peut pas demander à des jeunes de venger l’injure par l’injure», a-t-il déclaré. Pour Seydi Gassama, ces propos sont non seulement irresponsables, mais dangereux pour la stabilité d’une République qui se veut fondée sur l’Etat de Droit. «Le fait que l’injure soit vengée par l’injure n’empêchera pas le procureur de s’autosaisir ou la victime de porter plainte. C’est vraiment dommage et ça va créer de l’anarchie dans le pays», a-t-il mis en garde. Sur sa page X (anciennement Twitter), Seydi Gassama va plus loin. «Venger l’insulte par l’insulte ne peut que créer l’anarchie et même troubler l’ordre public. Tous les acteurs politiques et sociaux doivent promouvoir un débat public serein et porteur de progrès pour le pays», a-t-il ajouté.
Thiès – Birame Soulèye Diop, ministre et responsable du parti Pastef : «Le «gatsa-gatsa» reste aujourd’hui plus que jamais de mise»
Une sortie qui relance le débat sur la responsabilité du discours politique dans un contexte déjà très polarisé. D’autant que Birame Soulèye Diop n’en est pas à son premier coup d’éclat verbal. Mais cette fois-ci, ses propos résonnent comme un feu vert donné à l’escalade verbale, en contradiction avec l’appel au calme et à la responsabilité. Reste à savoir si le leader du parti Pastef, Ousmane Sonko, par ailleurs chef du gouvernement, cautionne ce genre de posture. Pour l’instant, silence radio du côté du Palais.
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